Sur l'île de Shodoshima dans la préfecture de Kagawa, on peut manger des glaces à l'huile d'olive à olive park face à la mer intérieure de Seto au Japon.

Shodoshima : reine de la gastronomie !

Après être tombé sous le charme des paysages naturels de l’île de Shodoshima, place à sa gastronomie tout aussi riche et unique. C’est parti pour une virée gustative !

 

La spécialité locale de Shodoshima : l’olive bien sûr !

Grâce à son climat méditerranéen unique, l’île de Shodoshima est la seule terre japonaise permettant la culture d’oliviers. Pour goûter à cette production locale, je suis allé à Olive park au centre de l’île. Après une balade agréable dans les champs d’oliviers, je suis évidemment passé par l’immanquable boutique-souvenir. On y trouve d’abord les grands classiques : l’huile vierge extra, et les olives vertes en saumure. Les olives de Shodoshima sont beaucoup moins fortes que les olives grecques ou espagnoles : légèrement salées, elles n’ont pas cette odeur prononcée et un goût parfois amer que l’on peut reprocher aux européennes. Et hop, je commence à remplir mon panier avec un sachet d’olives (650 yens), ça fera une bonne excuse pour prendre un apéro au retour 😆.

Les habitants de l’île ne se sont pas arrêtés là : ils ont rivalisé d’imagination pour décliner l’olive sous toutes les formes possibles et imaginables ! Parmi les produits les plus surprenants, je vous recommande les « Shodoshima olive nuts » qui sont des sortes de dragées dont le cœur est un cerneau de noix, et l’enrobage du chocolat blanc aromatisé à l’huile d’olive. L’alliance chocolat – olive est juste incroyable 😍 ! Je suis passé une bonne dizaine de fois devant la coupelle de dégustation pour piocher des échantillons avant de me décider à prendre un paquet complet… tant pis pour le portefeuille (1080 yens).

Pour les fans de cosmétiques, il y avait aussi une belle gamme de produits de beauté mais je ne m’y suis pas attardé. Je pensais en avoir fini avec les achats du jour mais c’était sans compter le stand de glaces à l’huile d’olive 🍨 (300 yens). C’était tellement agréable de la manger dans le parc, entouré par les oliviers, tout en profitant de la superbe vue sur la mer de Seto (nostalgieeeeee 😩 !). J’aurai juste préféré un parfum un peu plus prononcé, le sucre prenait trop le pas sur l’olive à mon goût.

Sur l'île de Shodoshima dans la préfecture de Kagawa, on peut manger des glaces à l'huile d'olive à olive park face à la mer intérieure de Seto au Japon.

 

Sanuki wagyu : le bœuf élevé aux olives

Encore de l’olive ? Eh oui, l’incroyable ingéniosité des Japonais pour maximiser les ressources de l’île n’a pas de limites. On y produit en effet une viande persillée de bœuf (wagyu) un peu particulière, dans la mesure où les bêtes sont nourries à partir des restes d’olives pressées lors de la fabrication de l’huile. Ces résidus, difficiles à valoriser autrement, sont séchés avant d’être incorporés dans l’alimentation des bovins. Une idée ingénieuse qui a des conséquences importantes sur la qualité de la viande car l’acide oléique entre en jeu dans l’umami, la cinquième saveur découverte récemment après le salé, le sucré, l’acide et l’amer, et que l’on retrouve en grande quantité dans la nourriture japonaise. Le « sanuki beef« ,  est donc encore plus savoureux que son voisin le bœuf de Kobe.

J’ai pu goûter à cette viande si réputée tout en haut des gorges de Kankakei, au niveau de la station de téléphérique. Il y avait plusieurs stands de street food, et l’un d’entre eux proposait des burgers au bœuf de Shodoshima (500 yens). C’était (évidemment) très bon, bien qu’un peu copieux pour le goûter de 4h 😁 ! Ce premier aperçu m’a surtout donné envie de retenter l’expérience pour mieux l’apprécier : sans pain, ni sauce burger ou fromage… mais bon, ça ne s’appelle plus un burger à ce stade ! La pause était en tout cas bien agréable sur la terrasse de l’observatoire avec, en prime, une vue superbe sur les gorges.

Sur l'île de Shodoshima dans la préfecture de Kagawa, on peut manger des burgers de boeuf de Kagawa, autrement appelé boeuf wagyu, ou encore sanuki beef, le olive beef local.

 

La brasserie de saké Morikuni : tout un concept !

J’ai d’abord connu l’île de Shodoshima sous l’angle de son saké via Ikeda-san, productrice en chef de la brasserie du même nom, que j’ai eu la chance de rencontrer au salon du saké à Paris. J’ai tout de suite été touché par sa gentillesse et sa passion, et je m’étais juré d’aller la voir un jour chez elle au Japon.

Accessible facilement en bus, la brasserie est située le long d’une rue périphérique à l’axe principal, dans un petit quartier au calme et éloigné de la circulation, qui sent bon la campagne. Comme souvent au Japon, il n’est pas possible de visiter l’espace de production pour des raisons d’hygiène. Ikeda-san a donc joué la carte de la diversité en créant en 2005 un café / bar / espace de vente pour attirer les visiteurs de passage. Au premier coup d’œil, j’ai tout de suite accroché à la déco intérieure, pour son côté sobre et son ambiance feutrée.

La brasserie de saké Morikuni est la seule de Shodoshima.

 

Le design original des étiquettes de ses bouteilles, très simple et graphique, donne un bon coup de jeune aux traditionnelles étiquettes recouvertes de kanjis calligraphiés. Ikeda-san a aussi choisi d’utiliser des bouteilles en verre coloré (bleu, ocre, vert), ce qui permet de reconnaître ses bouteilles au premier coup d’œil (marketing, quand tu nous tiens). Ici, tout est local ou presque : l’eau utilisée pour la production du saké provient d’une source naturelle proche des gorges de Kankakei, et le riz provient en grande majorité de la préfecture de Kagawa où se situe l’île. Depuis quelques temps, la brasserie replante également du riz sur l’île pour limiter les importations et développer l’activité sur Shodoshima.

Ici, on vient pour le saké mais aussi pour manger des plats locaux, cuisinés avec amour dans un esprit slow food par… la grand-mère de Ikeda-san en personne ! Le repas était juste excellent, ultra frais, savoureux, à un tarif imbattable pour ce niveau de qualité (1 200 yens), et accompagné par une sélection de délicieux sakés. En bref, c’est un beau travail en famille et l’ambiance s’en ressent. J’étais si bien que j’avais presque envie de prendre un torchon pour donner un coup de main à faire la vaisselle, tout en discutant au bar. Que vous soyez ou non amateur de saké, retenez bien cette adresse pour une pause déjeuner à midi, vous ne serez pas déçu par ce moment !

Au retour, je suis passé à la boulangerie toute proche que gère aussi Ikeda-san pour goûter à ses dernières créations : des gâteaux et viennoiseries à base de sake kasu (particules de riz restant en fin de fabrication du saké, riches en levures). L’utilisation de sake kasu dans la pâte à pain ou à brioche facilite la fermentation, et donne un bon goût de riz légèrement parfumé aux saveurs du saké.  Je me suis laissé tenté par des scones que j’ai mangé dans le bus sur le chemin du retour : un délice (tellement bons que j’ai oublié de les prendre en photos) !

 

Shodoshima et la sauce soja

Shodoshima est aussi réputée pour son excellente sauce soja (shoyu). Mon passage sur l’île ne m’aura malheureusement pas laissé le temps de visiter le musée qui lui est dédié, mais j’ai fait beaucoup mieux grâce à Ikeda-san qui a décidé de me conduire en voiture à l’improviste chez l’un de ses amis, producteur dans le village.

Après une conduite sportive dans les ruelles, je suis arrivé devant la fabrique de Yamaroku-san. L’air extérieur était empli d’excellentes effluves de sauce, dont la concentration ne faisait que s’amplifier à mesure que l’on s’approchait du bâtiment. Cette fois-ci, les portes de l’atelier étaient grande ouvertes et j’ai eu droit à une explication en règle sur la fabrication du shoyu : j’étais aux anges 😊 !

La recette est très simple : on fait macérer des graines de soja, du blé, du sel et de l’eau avec plusieurs levures proches de celles utilisées pour la fabrication du saké. Ici, tout est encore fait à l’ancienne, des gestes centenaires jusqu’aux gigantesques fûts de cèdres. Dans certaines cuves, la fermentation en cours produisait tellement de bulles de gaz qui éclataient en remontant à la surface qu’on aurait pu croire que le mélange était en train de bouillir.

Inutile de dire qu’au moment du départ, je n’ai pas pu m’empêcher de rapporter deux bouteilles de sauce. Je me suis laissé convaincre par un shoyu spécial pour les sushis (très doux et peu concentré en sel), et une sauce ponzu, mélange de soja et de yuzu. Si vous n’avez pas la possibilité d’aller directement à l’atelier pour acheter ces produits, vous pourrez en trouver facilement dans les boutiques des principaux ports de l’île. Aucun bus ne s’arrête à proximité mais on peut s’y rendre facilement à pied depuis le port de Kusakabe (environ 30 min), et la visite est gratuite.

Sauce soja Yamaroku de Shodoshima.

 

Nous voilà bien repus, c’est la fin de cet article ! Au-delà de ses paysages naturels, Shodoshima a su me charmer par ses hommes et ses femmes, amoureux de leur île, gardiens d’un savoir-faire unique, créateurs d’une nouvelle gastronomie adaptée à l’air du temps. Venez les rencontrer à votre tour, ils se feront un plaisir de partager avec vous leur passion 💖 !

 

Si vous avez aimé cet article, je vous invite à prolonger la découverte en écoute l’épisode de mon podcast dédié à Shodoshima 🎧 !

Pour en savoir plus :

Site de l’office de tourisme : http://shodoshima.or.jp/ (anglais)

Site de la brasserie de saké Morikuni : http://www.morikuni.jp/?tid=3&mode=f1 (anglais)

Site de la fabrique de sauce soja Yamaroku : http://yama-roku.net/ (japonais)

 

 

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Cet article est écrit en partenariat avec l’office de tourisme de Shodoshima. Je n’en reste pas moins libre de mon jugement et de mon opinion.

15 commentaires sur “Shodoshima : reine de la gastronomie !

  1. Chouette présentation d’une partie de la gastronomie de Shodoshima (tu as oublié les somen!!!)

    Le shoyu de Yamaroku est l’un des meilleurs qu’il m’a été donné de goûter. Et comme tu le précises, c’est un shoyu qui se marie surtout très bien avec sushi et sashimi.
    Sais-tu que c’est le fabricant de shoyu qui fournit le restaurant de sushi de Tokyo qui a récemment reçu trois étoiles au Guide Michelin ?

    J’e profite aussi pour vous montrer une autre face de ce que fait M. Yamamoto, perpétuer les traditions qui se perdent à cause de l’industrialisation, en l’occurrence, tous les ans, fin janvier (ces jours-ci, donc), des « cours » de fabrication de cuves à shoyu en bois, les Kioke.
    Ce petit reportage date de l’an dernier, et j’ose croire qu’il pourrait intéresser quelques uns de tes lecteurs :
    https://ogijima.fr/fabrication-de-cuves-a-sauce-de-soja-en-bois-sur-shodoshima/

    Sinon, je ne suis jamais allé à Morikuni, mais je note l’adresse pour mon prochain passage dans cette partie de l’île.

    Je n’ai jamais non plus goûté au bœuf aux olives (élevés sur l’île voisine d’Odeshima, l’île aux 20 habitants et aux 200 vaches qu’il faudra que je visite un jour – pas de ferry régulier pour y aller), mais je conseille aussi plus que fortement le hamachi aux olives (nourris eux aussi aux restes d’olives pressés), en sashimi c’est un de mes plats préférés du Japon (avec du shoyu de Yamaroku bien sûr)

    Finalement, un petit « avertissement » pour les olives. Shodoshima est victime de son succès, et certains produits « aux olives » sont fait avec des olives importées, l’île n’en produisant pas assez. Toutefois, les olives elles-mêmes sont bien de l’île et comme tu le soulignes, leur goût est assez différent et moins fort que les olives que l’on mange habituellement en France.
    Un autre avertissement pour les glaces aux olives, attention de ne pas commander par erreur une glace à l’huile d’olive. Ça m’est arrivé une fois et on m’a servi une bête glace à la vanille avec de l’huile d’olive dessus, c’était assez dégueulasse.

    🙂

    1. Eh bien, ça c’est du commentaire, merci pour tous ces compléments. Je n’ai effectivement pas parlé des somens car je n’ai pas eu l’occasion d’en manger mais ça me fera une bonne excuse pour revenir ^^ !

    1. Je suis tout aussi impatient de voir ce que tu vas découvrir, et avoir ton retour durant ton voyage ^^ ! Ne loupe surtout pas le resto de Morikuni-san et si tu pouvais lui passer le bonjour de ma part, ça serait super sympa et ça me ferait vraiment plaisir !

  2. Hummm, fort alléchant tout ça ! J’adore la photo titre. Quand à l’olive, je tombe de ma chaise. C’est vraiment pas mon image de la gastronomie locale. Merci de nous faire découvrir tout ça !

  3. Bonsoir,
    Oū peut-on acheter l’huile d’olive et les autres produits que vous avez évoqués ?
    Merci pour les informations.
    Cordialement
    Marie-Françoise Stein

    1. Bonjour Marie-Françoise,

      J’avais vu la sauce soja de Yamaroku-san (Yamaroku Tsuru Bishio) à la boutique Workshop isse à Paris. Je pense qu’il est également possible de trouver une partie des produits à la boutique Nishikidori. La production au Japon est assez confidentielle, et donc les importations en France ne sont pas nombreuses. Ces détaillants devraient pouvoir vous renseigner.
      Olivier

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