En voyage, il y a des visites qu’on attend avec impatience mais qui perdent malheureusement une partie de leur magie une fois sur place. Le mont Misen, pourtant classé UNESCO avec le sanctuaire Itsukushima-jinja attenant, m’aura laissé sur ma faim. Pourquoi cette déception et pourquoi j’ai décidé de lui laisser malgré tout une seconde chance ? Je vous explique tout dans cet article !
Sommaire
Erreur n°1 : partir avec trop d’idées reçues
Disons-le tout de suite : je m’étais fait tout un film sur le Mont Misen, et encore plus sur le parc d’érables Momijidani à ses pieds que j’imaginais comme le clou du spectacle sur ce voyage. Du genre, la journée parfaite présentée dans les brochures touristiques avec le rayon de soleil, des couleurs vermillon et rouge à n’en plus finir, moi à m’extasier sur chaque feuille, une ascension grandiose du mont avec une vue à couper le souffle, et la soirée en ryokan. Vous voyez le tableau ? En réalité, je m’étais un peu trop emballé 😅.
Le parc Momijidani s’étend du village jusqu’au départ du téléphérique, ce qui représente environ 600 mètres. Je m’attendais à une forêt ininterrompue d’érables, alors qu’il s’agit plutôt d’un sous-bois d’arbres classiques, ponctué de 200 très beaux spécimens disséminés tout le long du sentier. Certains érables avaient déjà perdu leurs feuilles, d’autres commençaient à peine à rougir, c’était assez inégal comme le montrent les photos qui suivent. On avait objectivement une belle palette de teintes mais l’effet « grandiose » que je m’étais imaginé n’était pas là (ce que j’ai retrouvé plus tard à Kyoto, mais ce sera pour un prochain article).
Certains spots étaient vraiment très prisés, notamment devant le superbe ryokan Iwaso que j’avais réservé pour la nuit, ou au niveau du célèbre pont rouge enjambant la rivière Momijidani. On a préféré ne pas s’attarder pour plutôt repasser le soir prendre des photos de nuit sans les touristes (trop de perches à selfies !), et on a continué jusqu’au téléphérique pour démarrer l’ascension du mont Misen.
Erreur n°2 : suivre le parcours classique d’accès au mont Misen
Arrivés en début d’après-midi au pied du funiculaire, il y avait déjà une longue file d’attente devant nous. Le trajet ne prend normalement que 10 minutes entre le départ et la station intermédiaire, et 5 minutes supplémentaires dans le deuxième téléphérique entre la station intermédiaire et la plateforme d’arrivée. Au final, on aura mis une petite heure : beaucoup de temps perdu à cause de cette foule importante. Mais l’attente valait le coup car la vue sur l’île est vraiment grandiose depuis les cabines du téléphérique ! On a une vue plongeante sur toute la forêt primaire du mont Misen restée intacte depuis l’an 806, date à laquelle le moine Kukai, fondateur du mythique sanctuaire de Koyasan, est venu s’entraîner ici.
A l’arrivée, il faut ensuite emprunter un sentier large et bien balisé pour rejoindre le mont Misen en tant que tel. Il y a un peu de dénivelé mais rien de méchant. Je ne me rappelle plus exactement combien de temps ça nous a pris mais je ne pensais pas marcher autant (une demi-heure de mémoire sans traîner en route). L’horloge commençait à sérieusement tourner et il fallait anticiper le retour à pied, et ajouter le nouveau temps d’attente au téléphérique (soit environ 1h30 en cumulé…) car le service s’arrêtait à 17h00. Connaissant la ponctualité japonaise, il valait mieux arriver à l’heure pour ne pas trouver portes closes et devoir redescendre du mont à pied avec la nuit tombante 🙃.
Erreur n°3 : faire une visite au pas de charge
Pressés par le temps et le retour limite imposé par le téléphérique, la visite s’est faite forcément à la va-vite. J’ai pris mes photos par automatisme sans trop chercher à comprendre ce qu’il y avait à voir, ni m’imprégner correctement de l’ambiance des lieux. Pourtant, il y avait pas mal de choses à faire : trouver ces petites statuettes toutes mignonnes de jizo éparpillées à plusieurs endroits, profiter de la vue sur la mer intérieure de Seto avec les parcs à huîtres, s’immerger des détails de la forêt avec ses fougères et ses rochers lisses atypiques.
On trouve également plusieurs temples en mémoire de Kukai sur le chemin. Je vous conseille de vous arrêter un instant devant le Kiezu-no-hi où brûle en continu depuis 1200 ans le feu allumé par le moine pour ses méditations. Une légende prétend même que de l’eau chauffée par ce foyer aurait le pouvoir de guérir toutes les maladies. C’est enfin cette flamme qui a servi à allumer la torche du mémorial de la paix à Hiroshima (il y a donc plein de bonnes raisons d’y faire un arrêt !). Le lieu se reconnaît facilement par la quantité de bâtonnets d’encens en combustion aux alentours, ses beaux cierges gravés de kanjis, et son chaudron en fonte.
Le soleil commençait à tomber et la lumière était vraiment superbe. J’ai pris le temps de me poser à l’observatoire tout en haut du mont Misen pour profiter de la vue et de ce sommet assez insolite pour une montagne. Quasiment plat, parsemé de gros rochers posés en vrac à droite et à gauche, on pourrait penser que le site n’est pas naturel mais qu’il a été aménagé. Le coucher de soleil révélait le panorama des monts environnants en détachant les arbres sous formes d’ombres chinoises. Un vrai paysage d’estampes japonaises ! Je n’ai malheureusement pas pu en profiter plus de 10 minutes car l’observatoire fermait, un employé nous invitait déjà à partir…
Bilan de la journée : une visite à refaire (autrement)
Un parc d’érables en deçà de mes espérances, des files d’attente dignes de Disneyland et peu de temps sur place auront eu raison de mon enthousiasme et de mon objectivité sur cette journée. Pourtant, en regardant mes photos après le voyage, je ne peux m’empêcher de les trouver jolies et je suis convaincu d’être passé à côté de quelque chose. Je donnerai donc une deuxième chance au mont Misen à l’avenir, mais en organisant mon parcours autrement :
- Partir au mont Misen dès le matin pour me laisser le temps de flâner sur place, crapahuter dans les rochers, profiter de la vue à mon rythme et selon mes envies.
- Monter en téléphérique mais ne pas prendre de billet retour (économie de 800 yen par personne, ce qui n’est pas négligeable).
- Redescendre du mont Misen par l’un des trois sentiers de randonnée balisés.
Il existe en effet 3 circuits différents menant au mont Misen. Chacun possède sa particularité : chemin pavé, temples secondaires, rochers insolites, panorama sur le torii flottant… (je vous mets les liens utiles avec les cartes en fin d’article). Ce sont certainement des sentiers bien moins fréquentés et qui doivent réserver de belles surprises cachées. A faire donc sur un prochain voyage 😉.
Malgré cette petite déception, je n’ai pas décidé pour autant de tirer une croix sur ce lieu mythique qu’est le mont Misen. Une visite mieux préparée, moins touristique, et qui laisse plus le temps à l’exploration et à la contemplation devrait rattraper le tir. Je vous en reparle dès que cette tentative n°2 sera réalisée, promis ! Et vous, qu’avez-vous pensé de votre visite ?
En savoir plus
Site officiel de l’office de tourisme (français) : http://visit-miyajima-japan.com/fr/culture-et-patrimoine/patrimoine-naturel/mont-misen.html
Cartes détaillées des randonnées sur le mont Misen (français) : http://chushikoku.env.go.jp/nature/miyajima_guide_map/fr.html
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C’est marrant j’ai eu la même expérience avec le Mont Koya. J’étais super hyppé et au final j’étais Meh…
Du coup je dois être la seule personne au monde à avoir trouvé ça bien mais pas top…
Je n’ai pas eu cette impression à Koyasan mais j’ai eu de la chance car j’y étais (sans le savoir) durant les cérémonies de commémoration des 1200 ans du sanctuaire. Il y avait une ambiance très particulière avec ces moines et tous ces sutras !
Je me rends compte avec le temps que je préfère les coins un peu plus paumés, ou les sites touristiques… quand il n’y a presque personne XD !
Oui enfin d’un autre côté je connais personne qui dise « Whoua j’adore les lieux touristiques blindés de touristes ! C’est trop le pied la foule et les perches à selfie. »
Et si, je connais une personne qui ne fait que ça et qui déprime si elle se sent seule et sans grands magasins à proximité 😆.
Coucou Olivier, nous n avions pas pris le ticket retour en téléphérique du Mont Misen et nous sommes redescendus par un des sentiers. Je m attendais à la descente de faire une magnifique ballade pleine de surprises et au contraire, la descente a été très longue et sans magie. J étais si claquée que je n ai même pas pu profiter pleinement du temple à l arrivée. Ce qui a été magique c est le soir à la nuit tombée de se promener sans la horde de touristes.
Hello, bon ben ça me rassure pas pour mon plan B 😣 !
J’aime le terme : la « horde des touristes ».
À peine méprisant !
Bonjour Olivier !
Bel article malgré les déceptions. C’est les aléas de plus en plus fréquents du voyageurs que à rencontré. Nous sommes bombardé d’images qui nous font faire le voyage avant l’heure, puis le tourisme de masse vient tout ralentir et compliquer, ce qui oblige à trouver des chemins de traverses. Et finalement on se retrouve à courir même dans les lieux qui inspirent la paix et le calme. Je suis sûr que ton article va aider nombre de visiteurs à éviter les pièges. Bien joué !
Hello Pierre,
Je suppose que vous aussi vous avez déjà fait face à ce sentiment. Effectivement, entre un lieu vide et un lieu colonisé par trop de touristes, c’est le grand écart, et il vaut mieux prendre son temps et trouver des itinéraires bis pour en profiter pleinement.
Salut! J’ai visité le mont Misen au printemps, tranquillement, et j’ai adoré, avec ces vues qui surplombent la mer! Relativement peu de touristes aussi. Au Japon il faut éviter les sites hautement réputés en Momiji, Sakura, …….. en pleine saison. Ou alors dormir là-bas et se promener à l’aube! Mais c’est souvent comme ça, on s’appuie sur des images aux couleurs renforcées remplies de filtres, aux angles professionnels, et on s’en retrouve déçu!
Hello, je pense que la fatigue du voyage y est aussi pour quelque chose mais je pense que ce qui m’a le plus déçu, c’est le côté balisé ultra-touristique, avec le chemin limite bétonné par endroits. Je pensais plutôt faire un sentier de semi-rando dans la forêt, avec de beaux arbres, et ce n’est pas du tout le cas. C’est pour ça que j’aimerai bien y retourner car je pense être passé à côté du truc, mais en empruntant cette fois-ci les sentiers qui partent depuis la rive pour ne pas suivre l’autoroute à la sortie du téléphérique ^^ !
Salut, j’ai fait le mont Misen en 2015, nous avions grimpé le mont à pieds par l’un des sentiers. Quasi personne sur le trajet, c’était très beau et apaisant. C’est un peu fatiguant mais tout à fait réalisable avec une bonne paire de baskets.
La vue du haut nous est apparue comme une récompense, certainement une des plus belles vues du voyage. La descente est en effet moins jolie, je conseille donc de faire la montée à pieds pour profiter du mont en toute quiétude.
C’est marrant car j’ai le même sentiment que toi : j’étais sûre à 200% d’être vraiment déçue de Miyajima sur place, puis le temps passe, les photos défilent et je me dis : « J’ai peut être raté quelque chose… »
Je pense que le temps qui trie nos souvenirs et nos ressentis pour ne garder que le meilleur, mais ça reste étrange comme sensation ^^.
En tout cas grâce à ça j’ai la même conclusion que toi : je lui donnerais surement une seconde chance un jour !
Merci ! J’ai lu ton site internet la veille d’aller sur l’île, je n’étais absolument pas informée des centre d’intérêts la bas, j’ai organisé ma journée grâce à ton expérience et c’était génial !
Oh merci beaucoup, content de savoir que cet article a été utile ^^ !