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Le quartier Nagamachi : demeure des samouraïs de Kanazawa

Capitale de la préfecture d’Ishikawa, Kanazawa a joué un rôle historique majeur dans l’économie du Japon féodal, en se spécialisant dans la confection de laques et dans l’artisanat de la feuille d’or. A la direction de cette cité prospère, on retrouve le puissant clan Maeda, riche famille locale qui s’est entourée de samouraïs pour assurer sa protection et la défense de ses intérêts. Ancien lieu de résidence de ces guerriers emblématiques, le quartier préservé de Nagamachi nous replonge dans cette époque.

 

Le quartier Nagamachi, résidence des samouraïs de Kanazawa

Le quartier Nagamachi se repère très vite à Kanazawa. Cerné à l’Est par des canaux, il se caractérise par ses longs murets de couleur jaune paille, presque ocre, et ses belles ruelles pavées. Le quartier n’est pourtant pas très grand mais on peut vite s’y perdre car la disposition des croisements et la succession identique des murets et portes cochères a tendance à brouiller notre sens de l’orientation. Cet effet symétrique de répétition a été pensé pour désorienter les adversaires, aujourd’hui remplacés par les touristes (heureusement, petit GPS nous a aidé à nous y retrouver). C’est une architecture unique que je n’avais pas encore eu l’occasion de voir au Japon, très différente du quartier des geishas de Gion à Kyoto par exemple, car les maisons ne sont pas construites en bordure de rue ici. Tout se passe derrière les murets, à l’abri des regards.

nagamachi kanazawa

ruelle mur nagamachi

Chaque recoin et angle de rue était un nouveau prétexte pour prendre en photo les enfilades de murets et de tuiles vernies. Un panneau explicatif nous apprend que cette architecture est caractéristique de la région. Pour résister à la neige abondante en hiver, le soubassement des murs est construit en pierre pour relever la partie supérieure plus fragile, en terre. Les murs sont protégés en complément par de grandes couvertures de paille tressée pour limiter les agressions du gel. En ce début novembre, les rouleaux de paille n’étaient pas encore installés mais les jardiniers commençaient déjà à équiper les arbres avec les cordages de la technique de yukitsuri qui permet d’éviter que les branches ne cassent sous le poids de la neige (je vous présenterai tout ça plus en détails dans un prochain article).

Nagamachi reste un quartier secret dont la visite se résume d’abord à une déambulation. Certaines maisons sont reconverties en espaces d’exposition pour les artisans locaux (attention aux prix qui sont relativement élevés) mais peu de portes sont ouvertes aux visiteurs. J’imagine que ces belles demeures sont toujours possédées par des descendants d’anciennes familles de samouraïs.

 

La maison de la famille Nomura, samouraïs de génération en génération

Au centre du quartier, une ancienne villa de samouraïs vaut à elle seule le déplacement à Kanazawa. Son histoire remonte au début du Japon féodal. A cette époque, la loyauté et la confiance ne sont pas des valeurs prises à la légère. Enseignées à chaque guerrier dans le cadre de sa formation au bushido, le code moral des samouraïs, ces notions s’illustrent ici à travers les relations  entretenues par le clan Maeda et la famille Nomura. Les membres de la famille Nomura ont en effet travaillé en tant que samouraïs pour le clan Maeda pendant plus de 11 générations successives, s’assurant renommée et richesse qui lui ont permis de profiter d’un cadre de vie privilégié dans le quartier Nagamachi.

De l’extérieur, l’ancienne maison de la famille Nomura est une bâtisse simple mais qui se révèle être un petit bijou architectural accompagné d’un jardin traditionnel absolument somptueux.

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Les lieux étant relativement étroits, je vous conseille de passer votre chemin et de revenir plus tard si vous arrivez en même temps qu’un groupe pour ne pas vous gâcher la visite. Car pour profiter pleinement de l’espace, il faut y être au calme, presque seul. Les pièces du rez-de-chaussée, tournées vers le jardin, appellent à la contemplation d’une nature savamment maîtrisée. Ce tableau végétal n’avait pas qu’un rôle décoratif, il faisait partie de l’entraînement même des samouraïs qui, par leurs séances de méditation devant le jardin, se préparaient mentalement aux combats à venir. J’ai pris le temps de m’asseoir un long instant sur le parquet de bois de la véranda, assis en tailleur dans cette pénombre, à chercher de l’œil les plus beaux détails du jardin. Petit pont de pierre, pas japonais, branches taillées… j’aurai pu y rester des heures entières, bercé par le bruit de l’eau et du vent dans les feuilles.

nomura-ke kanazawa nagamachi

pas japonais en pierre bassin carpes koi

maison nomura kanazawa

L’espace pouvait être reconfiguré de plusieurs manières différentes grâce aux portes coulissantes fusuma. Selon la position qu’on leur donne on passe d’un espace intime de discussion à une vaste salle de réception ouverte donnant sur le jardin. Jeux d’ombres et de lumières, être vu ou voir, l’alliance entre la fonction et l’esthétisme est superbe ! A l’étage, les pièces sont plus classiques, même si elles arborent des bois précieux. On y retrouve tout de même un petit salon de thé qui donne sur le jardin et une ancienne armure de guerrier.

 

C’est la fin de cet article, le premier d’une série qui vous présentera les charmes authentiques de Kanazawa, une ville injustement oubliée au profit de Kyoto.

 

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6 commentaires sur “Le quartier Nagamachi : demeure des samouraïs de Kanazawa

  1. Quelle belle découverte en cette douce matinée ! Merci pour ce petit voyage depuis mon canapé :). Même si j’avoue que c’est dur de voir de si belles choses tout en sachant qu’on va en être privés pendant encore longtemps 😥 !
    En tout cas très bon article, très instructif, et encore une fois les photos sont tops. Jamais déçue par ici !
    Je suis pas prête d’aller de si tôt du côté de Kanazawa, Kyushu étant actuellement ma priorité, mais je garde cet article sous le coude pour le jour J.

    1. Merci pour les photos. Je me suis vraiment éclaté dans la maison ! J’ai bien pris le temps de profiter une première fois et ensuite j’ai pris les photos. J’aime beaucoup les clairs obscurs et ça fait plaisir de voir ton commentaire 🙏. Avec le voyage de cette année qui va tomber à l’eau, je ne sais vraiment pas quand on pourra y retourner. Kyushu me fait aussi de l’œil mais je pense que je reprogrammerai d’abord ce voyage-ci sur Honshu.

  2. Merci pour cette visite inédite à Kanazawa dont je ne connais que le jardin Kenrokuen.
    Dis-donc, ce quartier ne doit vraiment pas être connu, c’est désert pour un mois de novembre.!Tu sembles avoir eu la chance d’avoir tout ça pour toi! Les armures à moustache me font toujours sourire, pour donner davantage de virilité 🙂
    PS Prends-tu des notes lorsque tu visites les sites où gardes-tu tout en tête? Tu dois y passer aussi beaucoup de temps non, afin de noter tous les détails?

    1. Avec plaisir. C’est vrai que le quartier était assez calme. Hormis un groupe de touristes italiens à qui on a fait la visite de la maison Nomura au pas de course, il y avait peu de monde. Dans les lieux qui me marquent dès le 1er coup d’œil, j’aime prendre une première fois le temps de découvrir et profiter des lieux avant de le refaire pour les photos ensuite. Pour ce qui est des infos, je prends en photos les panneaux d’information sur place et je m’aide aussi du web bien sûr, ou d’infos que des amis sur place peuvent aussi me trouver. Et je lis beaucoup, parfois des pavés un peu repoussants et techniques sur l’architecture ou l’histoire japonaise. Je ne retiens pas tout mais il y a toujours des petites anecdotes pour illustrer un article 😉.

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