Depuis la naissance de ce blog, je n’ai pas encore eu l’occasion d’écrire sur un jeu vidéo même si je suis plutôt un joueur actif, mais ma récente découverte de Ghost of Tsushima sur Playstation 4 mérite largement une exception à mes traditionnels articles de voyage. Ce jeu est tellement réussi, immersif, et surtout fidèle à la période historique et aux traditions nippones qu’il mérite amplement que je vous en parle ici. Cet article s’attachera donc à vous présenter l’univers que le studio Sucker Punch a réussi à créer. Pour les mécaniques de jeu et les astuces, je laisse les sites spécialisés en jeux vidéos vous renseigner 😉.
Ghost of Tsushima : le Japon face à l’envahisseur mongol
Le jeu Ghost of Tsushima aborde une période historique passionnante que j’ai eu plaisir à découvrir : celle de tentatives d’invasions du Japon par l’empire mongol alors en pleine expansion. A la tête de ces expéditions militaires qui se dérouleront entre 1274 et 1281, on retrouve le grand Khoubilaï Khan, petit-fils du célèbre Gengis Khan. A cette époque, l’empire mongol est déjà un monstre car il s’étend de la Pologne à la Corée du Sud, sur une bande allant du cercle polaire à la frontière himalayenne du Tibet : 33 millions de kilomètres carrés gagnés dans le sang, là où l’empire romain ne faisait « que » 6,5 millions de kilomètres carrés à son apogée.
Après avoir vaincu la Corée, cette soif de conquête se poursuit au Japon. En 1263, les Mongols envoient des émissaires à Kamakura auprès du shogun et à Kyoto auprès de l’empereur, pour menacer d’une invasion massive si le pays n’abdique pas tout de suite. Les Japonais refusent de se soumettre et décident de renforcer leurs positions sur Kyushu.
En 1274, l’île japonaise de Tsushima toute proche de la Corée tombe rapidement. Elle servira de base arrière aux Mongols pour une tentative avortée de débarquement dans la baie de Hakata (l’actuelle Fukuoka). Les samouraïs mobilisés en grand nombre par le shogun feront échouer les Mongols, et une tempête détruira leurs bateaux lors de leur repli (c’est la bataille de Bun’ei).
Une deuxième tentative est menée en 1281 avec cette fois-ci, une armada incroyable pour l’époque (bataille de Koan) : 900 navires de guerres transportent 25 000 soldats, et plus de 3 500 navires attendaient en renfort sur les côtes chinoises ! Tsushima tombe pour la seconde fois, mais, après de nouveaux raids nocturnes de samouraïs sur les navires des assaillants, la flotte mongole est totalement détruite par un typhon dévastateur. Les Japonais donneront à ce typhon le nom de kamikaze (le vent divin). Cet épisode mis un terme aux volonté de conquêtes mongoles au Japon.
Ghost of Tshushima invite donc le joueur à aider le samouraï Jin SAKAI à reconquérir l’île de Tsushima en se battant contre le débarquement mongol.
Un esthétisme soigné digne d’un grand film !
Dès les premières minutes, on mesure le travail des réalisateurs qui ont eu à cœur de soigner le graphisme, les ambiances lumineuses, l’environnement sonore et les panoramas pour rendre hommage au sens de l’esthétisme japonais. Certain plans du jeu sont dignes de grands films, et on se surprend d’ailleurs à poser la manette pour admirer le paysage, et prendre le temps d’apprécier cet environnement virtuel.
Un mode « photo » est même prévu dans l’interface pour réaliser des clichés instantanés du jeu, avec des possibilités énormes de modification : choix du cadrage, de la météo, de la tenue du héros, de l’heure du jour… C’est d’ailleurs avec ce mode que j’ai réalisé les captures d’écran présentées dans cet article. Les scènes sont tellement belles que je me suis mis à prendre régulièrement des photos, comme si j’étais en voyage : le photographe amateur que je suis est comblé ! Ghost of Tsushima ne peut donc pas se résumer à un simple jeu d’action, c’est avant tout une immersion impressionnante dans un Japon féodal parfaitement reconstitué, teinté d’onirisme. Si vous espériez passer votre temps à découper des ennemis au katana, ce jeu n’est pas fait pour vous.
Les fans de cinéma seront également aux anges avec un mode « Kurosawa » en noir et blanc qui permet de simuler l’ambiance des films de samouraïs, et ainsi rendre hommage au long-métrage « Les 7 samouraïs » de Akira Kurosawa. Là encore, il y a eu un travail graphique énorme pour obtenir une ambiance totalement bluffante. Jouer les phases de combat dans ce mode rajoute un petit coup de pression lorsqu’il faut dégainer son katana au bon moment, car on gagne en réalisme.
Une immersion poussée dans la vie d’un samouraï
- Méditer dans un onsen
En parcourant l’île, Jin SAKAI sera amené à découvrir des sources chaudes cachées. Se reposer dans un onsen permet à notre héros d’augmenter sa jauge de vie pour la suite de l’aventure mais ce qui est intéressant ici n’est pas l’effet mais sa mise en scène. Après être entré dans le bain, le joueur est amené à sélectionner un thème sur lequel Jin va méditer… comme on le fait en réalité dans un véritable onsen ! On est totalement emporté avec le personnage dans ce moment de pause et de relaxation qui nous amène à nous questionner sur le monde qui nous entoure.
- Prier aux sanctuaires de la déesse Inari
Pour vaincre les Mongols, prier les kamis et en particulier les autels dédiés à la déesse Inari seront une clé à ne pas négliger. La dévotion de Jin lui permettra de gagner des charmes de protection des dieux qui lui apporteront des avantages. C’est un beau clin d’œil aux amulettes (omamori) que l’on peut aujourd’hui encore acheter dans un sanctuaire ou un temple au Japon.
- Localiser les estampes
Pour réaliser certaines quêtes, Jin doit parfois localiser des lieux secrets. Plutôt que de nous fournir une vulgaire carte aux trésors, les développeurs ont eu l’idée de disséminer des estampes qui représentent un panorama du jeu. A nous de le retrouver pour y découvrir des trésors bien utiles. Même si les estampes n’existaient pas encore à la fin du XIIIème siècle, on pardonnera cet anachronisme car il favorise une fois de plus une belle immersion.
- Composer des haïkus
Après la méditation dans les onsens, l’écriture de haïkus ! L’île dispose de plusieurs panoramas naturels à couper le souffle, sources d’inspiration. Nous sommes alors invités à composer un haïku en observant calmement le paysage. L’écran présente des pastilles blanches qui révèlent au survol un bout de phrase. Après avoir sélectionné la phrase qui nous intéresse, un nouvel angle du paysage est révélé et il faut alors compléter notre haïku. L’étape sera renouvelée une dernière fois pour achever l’écriture de ce court poème japonais. Un exemple de ma réalisation ? Je vous livre ici ma réflexion sur le conflit :
Là, derrière le voile,
Observe à travers la brume,
Rompu mais vivant.
Si Ghost of Tsushima apporte un vent de fraîcheur et de nouveauté dans la mécanique de combat par rapport aux classiques du genre, il dispose de quelques défauts (positionnement de caméra, quêtes parfois répétitives), mais qui ne suffiront pas à ternir mon plaisir de jeu. La puissance du titre tient au travail de reconstitution historique et de mise en ambiance qui nous projettent avec brio dans les turpitudes du Japon médiéval.
Pour commander le jeu Ghost of Tsushima (PS4), c’est par ici !