Le jour où j’ai sculpté un Jizô

Si vous me suivez sur les réseaux sociaux, vous aurez vu que j’ai participé récemment à un atelier pour façonner mon propre Jizô. Chose promise, chose due : voici enfin l’article qui vous dévoile les coulisses de cette belle journée.

 

Quand le hasard fait bien les choses

L’histoire commence lors d’un énième matin de canicule. Mon œil encore endormi jonglait péniblement entre l’horloge du four qui annonçait bientôt l’heure fatidique du départ au travail, et mon téléphone où passaient à la file indienne les stories Instagram des comptes auxquels je suis abonné. Ma tasse de café… attendrait le soir pour finir au lave-vaisselle. Malgré un niveau de réactivité proche de celle d’un poulpe cuit dans un takoyaki, mon cerveau a réussi à s’intéresser à la story de Laetitia de la boutique Manga-T Dijon qui présentait sa création de Jizô en poterie.

L’activité est si originale et inhabituelle qu’elle a tout de suite capté mon attention. Chose extraordinaire, l’atelier La terre dans les étoiles qui propose ce cours de poterie se situe… à Dijon ! Après quelques clics et une vérification de mes disponibilités, me voilà inscrit à une session fin août. Finalement, la journée commençait plutôt bien 🙂 !

 

Jizô, un gardien aux multiples facettes

Avant d’entrer dans le vif du sujet, je voulais vous parler de Jizô, cette divinité attachante, omniprésente au Japon. Il s’agit de la représentation de Jizô Bosatsu, une divinité bouddhiste dédiée à la protection des voyageurs et des jeunes enfants. Il a pour mission plus générale d’aider les hommes et les âmes à franchir un passage, accomplir un trajet.

Dans la vie réelle, on le priait historiquement pour se souhaiter un bon voyage sur des routes hostiles pleines de rônins, où il n’était pas rare de perdre la vie pour quelques pièces de monnaie. En ce qui me concerne, j’espérais de tout cœur que mon Jizô allait m’aider à partir au Japon en novembre. Malheureusement le coronavirus remportera le combat cette fois-ci.

jizo kamakura hase dera

Dans le deuil, les parents d’enfants morts-nés très jeunes s’en remettent aussi à Jizô. Il aide l’âme errante du nourrisson à traverser le fleuve Sanzu en direction du paradis, incapable par elle-même de le franchir, faute d’avoir réalisé suffisamment de bonnes actions durant sa courte existence sur Terre. On habille alors les statuettes avec des bavettes et des bonnets rouges, couleur de l’enfance, comme c’est le cas à Koyasan.

Malgré son sourire mignon, Jizô exerce donc une mission douloureuse. Cette ambiguïté entre sa représentation légère et ses fonctions graves reste pour moi le symbole d’une certaine forme de combativité et d’acceptation face à l’adversité. Ne l’oubliez pas lorsque vous serez devant les Jizô du temple Zojoji à Tokyo.

jizo statue zojoji temple tokyo

 

Un atelier ludique accessible à tous

Revenons maintenant au sujet de cet article : l’atelier ! Je suis accueilli à bras ouverts par Matthieu pour 5h de travail (10h – 12h et 14h – 17h). L’espace lumineux est organisé autour d’une grande table centrale autour de laquelle nous sommes tous installés. Cette configuration peu scolaire nous a permis de faire connaissance facilement et a largement favorisé le partage avec les participants du jour. Après nous avoir donné les premières consignes, lancé la playlist, nous prenons notre terre (3 couleurs au choix) et entamons la création de notre Jizô.

La première étape consiste à s’attaquer à la tête. Après avoir façonné les orbites et le nez, on passe à la réalisation du visage à proprement parler. Je m’y suis repris à plusieurs fois pour bien positionner les yeux et obtenir un résultat aussi symétrique que possible. Ce n’est pas si simple d’obtenir ce que j’attendais, mais en prenant son temps et en écoutant les conseils de notre maître, c’est à la portée de tout le monde. On ressent rapidement la satisfaction de notre travail en voyant cette masse de terre inerte prendre vie et naître sous nos doigts 😍 ! Il ne s’agit donc pas de poterie au sens strict du terme, mais plutôt de modelage car nous travaillons la terre directement avec les mains, sans avoir besoin d’un tour de potier par exemple.

sculpture poterie dijon

jizo la terre dans les étoiles

Pendant la pause déjeuner que j’ai pris sur place, j’ai eu le temps d’admirer les autres créations de Matthieu : de belles pièces uniques émaillées et cuites selon la technique japonaise raku, jusqu’aux têtes de kôgui, une création originale de l’artiste. Une chose est sûre, il y a du niveau !

poterie totoro ghibli émail raku

Le cours reprend l’après-midi avec la mise en forme du corps de Jizô. Si la conception du tissu est plutôt facile, la véritable galère débute avec les petites mains jointives de la statuette. Qui aurait cru que ça serait si compliqué ? Pour finir, il faut évider tout l’intérieur de la statue avec un genre de cuillère pour retirer de la matière, alléger l’ensemble et faciliter la cuisson. On était tous un peu en panique de percer notre bébé en le creusant de l’intérieur, mais il n’y a pas eu de catastrophe. On terminera la journée par une petite photo de groupe des Jizô du jour. Ils seront ensuite mis en cuisson et nous les récupérons 15 jours plus tard pour les rapporter chez nous. Il ne reste plus qu’à trouver une petite place au mien, où il se sentira bien ! Ce sera sur la petite terrasse en compagnie de mes plantes aromatiques en pot.

jizo poterie dijon

 

De la poterie, du modelage ? Pas seulement !

Au bout d’une heure, je me suis senti « comme à la maison » car Matthieu a cette capacité à créer naturellement un cadre accueillant. On papote avec le groupe de tout et de rien, bien qu’on ne se connaisse qu’à peine. On compare nos avancées respectives, on se complimente. Matthieu nous dévoile également son parcours. Ancien projectionniste, c’est après un voyage en solitaire en Amérique latine, armé d’un simple sac à dos, qu’il a mûri le projet de se former sérieusement à la poterie. A son retour, l’atelier La terre dans les étoiles ouvrira ses portes à Dijon. Ce voyage initiatique lui fera changer d’angle de vue, passant de derrière le projecteur au devant de la scène. Une transition réussie !

matthieu mary dijon

 

Au-delà de la sculpture en elle-même, j’ai véritablement aimé cet atelier pour la belle parenthèse qu’il propose. Prendre le temps, sentir la terre sous ses mains, sculpter, créer auprès d’une personne passionnée qui tient à transmettre, voilà une activité que je n’avais pas faite depuis très longtemps ! Une chose est sûre, vous allez en entendre reparler 😉.

 

Pour en savoir plus

Pour se tenir au courant des prochaines séances, direction la page Facebook de l’atelier.

Les nouvelles dates sont indiquées dans la rubrique « événements », n’hésitez pas à y jeter un oeil !

 

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5 commentaires sur “Le jour où j’ai sculpté un Jizô

    1. Oh mais tu t’étais très bien débrouillée toi aussi et c’est un atelier que j’aimerai bien faire en retournant à Tokyo une prochaine fois ! J’ai de la chance d’avoir plein de choses à faire autour du Japon dans ma région alors j’en profite !

  1. Ton Jizô est superbe ! Je rejoins le commentaire précédent : tu as vraiment le don pour dégoter des activités originales 🙂 J’adore le concept de cet atelier. J’espère pouvoir un jour en trouver un vers chez moi, mais je pense que j’aurais essayé de faire moi-même un Jizô avant que ça n’arrive ahah (je ne promet pas le résultat …)

    1. Je ne pense pas que Matthieu s’exporte mais si un jour tu es de passage en Bourgogne, c’est clair qu’il faut se prévoir un petit atelier modelage ! Je suis tombé dessus par le plus grand des hasards comme je l’explique en début d’article, et je me dis à chaque fois que j’ai énormément de chance de pouvoir profiter autant du Japon à Dijon et dans les alentours. Je suis curieux de voir tes essais mais pour la cuisson de la terre, ton four ne devait pas suffire XD !

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