La ville de Maebashi est une destination totalement oubliée par les touristes étrangers et japonais. Pourtant, elle m’a offert une superbe escapade d’une petite journée depuis Tokyo. Eloignée de la mégalopole japonaise, la capitale de la préfecture de Gunma est également un parfait point d’entrée vers les montagnes et les sources chaudes de la région. Rencontre avec une belle inconnue.
1 – Accéder à Maebashi : le plaisir du shinkansen
Je suis parti en début de matinée de Tokyo pour profiter au mieux de ma journée. Le trajet est assez rapide car il se fait en 1h depuis Ueno. Un shinkansen m’a d’abord déposé à la gare de Takasaki (40 min). D’ici, j’ai pris la ligne JR locale Ryomo (15 min) qui m’a déposé à la gare centrale de Maebashi.
J’avais anticipé le trajet en shinkansen en choisissant une place à gauche du wagon, afin d’avoir la vue sur l’Ouest du Japon. Mon petit espoir ? Admirer le mont Fuji depuis la fenêtre. Et je n’ai pas été déçu car le temps était très dégagé : j’ai pu le voir pendant la quasi totalité du trajet, dès la sortie de Tokyo. J’étais ravi car d’habitude, il est assez difficile de voir la montagne sacrée sur les autres lignes. L’axe Tokyo-Kyoto souvent emprunté par les voyageurs est assez décevant de ce côté-là car le parcours est jonché de tunnels qui coupent la vue. Ici, on circule sur un viaduc qui est bien souvent plus haut que les bâtiments. Je me suis donc fait plaisir en profitant du paysage depuis ma place 📸.
2 – Rinkokaku : un joyau architectural
2.1 – Un bâtiment remarquable
Première étape de cette balade : la résidence Rinkokaku. Je choisis d’y aller en bus pour m’éviter 30 min de marche à pied. Le calme de la ville me surprend. Nous étions pourtant en pleine semaine mais tout semblait au repos, quel contraste avec Tokyo ! Bonne surprise à l’arrivée, l’entrée est gratuite. Pour ceux qui souhaitent approfondir, des visites guidées elles aussi gratuites sont proposées par des bénévoles sur réservation, mais je n’ai pas l’impression que l’anglais soit proposé.
L’espace du Rinkokaku correspond donc à un complexe architectural situé au cœur de Maebashi. Construit en 1884 comme résidence d’État pour accueillir les invités importants de la préfecture de Gunma, le site se compose de trois bâtiments qui incarnaient à l’époque un style japonais moderne. Le bâtiment principal a ainsi eu l’honneur d’accueillir des membres de la famille impériale, dont les empereurs Meiji et Taisho. La conception en bois réalisée par un maître charpentier de Kyoto est vraiment remarquable. Magnifique de l’extérieur, l’intérieur est tout aussi somptueux.
La salle de réception du second étage est très impressionnante puisqu’elle fait une superficie de 180 tatamis, sans poteaux de soutien au centre. On se sent vraiment tout petit au milieu. Je me mets à m’imaginer les grandes réceptions et audiences qui devaient avoir lieu lors des déplacements des empereurs. La salle en elle-même impose déjà son autorité. J’ai rarement vu d’équivalent, hormis peut-être l’auberge Hinjitsukan située à proximité de Ise.
Le long de cette salle, la lumière filtrant les coursives vitrées dessinait des jeux d’ombres graphiques. Les portes coulissantes en papier (fusuma) comportaient des ouvertures qui laissaient entrevoir le jardin extérieur, flamboyant sous les couleurs de l’automne. C’était si beau et reposant. Et quel plaisir d’être seul pendant toute la visite ! Cet aperçu sur les arbres invitait tout naturellement à explorer le jardin.
2.2 – Les jardins flamboyants de Rinkokaku en automne
La résidence ne serait pas aussi belle sans ses jardins attenants. Je les trouve particulièrement réussis car ils mettent bien en valeur le bâtiment principal situé légèrement en hauteur. Cours d’eau, pins taillés, rochers élégamment disposés : tous les codes des jardins japonais sont cochés. Mais surtout, ce sont les érables qui méritent le détour 🍁, je vous laisse juger au regard des photos.
Quelques habitants faisaient le tour avec moi. J’ai pu discuter avec un petit papy qui s’étonnait de voir un étranger en visite ici. Il se demandait bien comment j’avais pu entendre parler de sa ville et s’est félicité de ma venue 😊. A l’extrémité du jardin, une grande tour fait son apparition. Ce sera la prochaine étape de la balade.
3 – La tour préfectorale : un observatoire à ne pas manquer
3.1 – Une vue incroyable sur les montagnes de Gunma
La tour du gouvernement préfectoral de Gunma est elle aussi en accès gratuit. Vous le savez, j’adore les observatoires, je devais donc y monter ! Ce bâtiment est avant tout le siège administratif de la région. Il ne faut pas donc pas avoir peur de franchir les portes même si vous ne voyez pas d’informations touristiques, vous y êtes les bienvenus. Les ascenseurs me conduisent à l’observatoire situé au 32e étage, offrant une vue panoramique à couper le souffle sur la ville et ses environs. Avec ses 142 mètres de hauteur, c’est le plus haut bâtiment de la préfecture.
On voyait bien la résidence Rinkokaku et ses érables d’ici. Plus loin avec ce temps clair, le mont Akagi se dévoilait au nord, tandis que le mont Asama se profilait à l’ouest (il ressemble un peu au mont Fuji). Cela donne envie d’explorer les environs vous ne trouvez pas ? En plein hiver, la vue doit également être incroyable sous la neige.
3.2 – Pause déjeuner au milieu des employés
L’étage de l’observatoire accueille également l’excellent café Yamatoya coffee 32 qui sert des sandwichs savoureux avec des touches occidentales. J’en ai choisi un délicieux au fromage frais, crevettes, avocat et aneth. Avec la vue sur le paysage en prime, c’était royal ! Avant de repartir, je me suis arrêté aux toilettes de l’étage et surprise : les urinoirs sont installés face aux baies vitrées ! Quelle vue pour faire une « pause technique » ! J’ai attendu que l’espace soit vide pour prendre ma photo afin de ne pas passer pour un pervers 😅.
4 – Retour à la gare en couleur 💛
Je suis retourné à la gare à pied cette fois-ci pour profiter des arbres et de leurs couleurs. De belles allées de gingkos éclairaient les rues comme des torches dorées. J’ai aussi croisé la mascotte de la préfecture de Gunma, Gunmachan, qui conduisait les tondeuses automatiques des plates-bandes municipales avec ses amis. J’aime beaucoup ce décalage qu’on ne voit qu’au Japon, qui nous arrache un sourire alors qu’on ne s’y attend pas ! Pour rester dans le thème de la couleur jaune, des yuzu mûrs à point remplissaient les jardins des habitants. L’époque de la récolte débute avec l’arrivée du froid de l’hiver.
Mon escapade à Maebashi s’arrête ici, je poursuis mon périple vers les sources chaudes de Gunma mais je vous en parlerai dans un prochain article. Je suis très content de mon arrêt dans cette ville calme et de toute beauté en automne. Je ne m’attendais vraiment pas à voir d’aussi belles choses, c’est donc un pari réussi. J’aimerais y revenir au printemps car de nombreuses affiches vantaient les parcs à cerisiers : une idée à retenir à quelques pas de Tokyo.
Plus je me renseigne sur mon prochain voyage et plus, je recherche ce genre d’endroits, où les habitants, comme le monsieur que tu as rencontré, s’étonnent de nous voir dans leur ville. Ces rencontres, facilitées par l’absence de touristes et la curiosité des habitants, font tout le charme du voyage. On part pour visiter un site et l’on finit par discuter sur un banc , à la place… Ta lecture est, comme toujours, très agréable.
Merci pour ton récit !
Merci pour ton commentaire ! Si tu cherches des coins dans ce style, je trouve que Maebashi est justement une bonne porte d’entrée pour la préfecture de Gunma et ses onsens. Dans la série « onsens moins connus », je te recommande Shima onsen, et un peu plus dans la préfecture de Nagano : Yudanaka onsen. C’est souvent dans ces stations, avec des gens détendus qui ont le temps de flâner qu’on discute facilement avec les gens. Encore plus dans les bains !