J’aime beaucoup les stations thermales au Japon, surtout quand elles offrent de beaux onsens en plein air. Encore plus quand elles sont logées dans des régions un peu reculées, gage d’authenticité. Mon passage à Shima onsen au cœur de la préfecture de Gunma a coché toutes ces cases, offrant un pur moment de décontraction à 3h de Tokyo. A votre tour d’y succomber 😉 !
Sommaire
1 – Accéder à Shima onsen
Il n’y a pas de trajet direct pour rejoindre Shima onsen depuis Tokyo. C’est une petite expédition (même s’il n’y a rien de compliqué pour autant). Mais le voyage en vaut bien la peine !
- Le plus simple est de partir de la gare de Ueno à Tokyo, pour rejoindre dans un premier temps la gare de Takasaki. Le trajet se fait soit en shinkansen (Joetsu line), soit en train JR classique (Takasaki line),
- Ensuite, il faudra prendre une seconde ligne de train JR pour rejoindre la gare de Nakanojo (Agatsuma line),
- Enfin, un bus vous conduira dans les montagnes pour rejoindre la station de Shima onsen. Ce dernier trajet n’est pas compris dans le JR pass, je vous recommande de payer avec une carte sans contact IC type Suica, ou en espèces auprès du chauffeur à la descente tout simplement.
Au total, le trajet prendra environ 2h45 avec le tronçon en shinkansen (6 300 yens environ) ou 3h30 en train classique JR (3 700 yens environ). D’autres combinaisons existent mais peuvent rajouter des changements supplémentaires.
2 – L’histoire de Shima onsen
Shima Onsen est une des plus anciennes stations thermales du Japon, avec une histoire qui remonte à plus de 1 000 ans. Elle aurait été découverte par un moine bouddhiste durant l’époque Heian. Ce dernier aurait remarqué que l’eau était capable de guérir jusqu’à 40 000 maladies, d’où le nom de « Shima » qui signifie « 40 000 ». La station a alors commencé à être fréquentée par la noblesse de Kamakura. Le trajet devait cependant être bien plus long à l’époque sans shinkansen (estimez-vous heureux aujourd’hui 🤣).
Le relatif « boom » touristique est arrivé plus tard, grâce au développement de la ville d’Edo, notre Tokyo actuelle. L’arrivée du train dans les années 1900 a ensuite facilité l’accès aux villages reculés, rendant les séjours dans les stations thermales très populaires. Toutefois, cette modernisation a également entraîné des changements, avec la construction de gros complexes pour répondre aux goûts modernes, souvent en béton armé. On a donc largement perdu cette atmosphère du « Japon d’antan » dans tout le pays… ou presque.
3 – Un village aux touches rétro
Ici, on peut encore ressentir le charme désuet d’un village de l’après-guerre bien que Shima onsen soit aujourd’hui à la limite de l’abandon. Difficile d’accès, construit le long d’une rivière encaissée dans un vallon et donc de taille très modeste, le village a perdu la majeure partie de ses habitants aujourd’hui. Le secteur ne tient debout qu’avec les quelques ryokan toujours en activité. Il y a ici comme une impression d’être bloqués dans une bulle temporelle, figés dans les années 1950-1960. Dans toute cette collection d’antiquités, j’ai trouvé pour la première fois des milk box. Ce sont des petites boîtes en bois qui étaient utilisées autrefois pour la livraison à domicile de bouteilles de lait. Elles sont typiques de l’ère Showa et créent un sentiment de nostalgie pour tous les Japonais issus de la génération d’après-guerre. Je comprends que certaines personnes ne voient qu’un village à quasi l’abandon mais c’est justement cette âme de fin de règne qui m’a énormément touché. C’est sûr qu’on est loin des belles stations comme Kinosaki onsen ou Kusatsu onsen.
4 – Mes choix de ryokan à Shima onsen
4.1 – Sekizenkan : le ryokan qui a inspiré « le Voyage de Chihiro »
Après cette exploration du village, je me dirige vers LE ryokan phare du village : l’établissement Sekizenkan, mais je n’ai pas pu y séjourner. En effet, j’effectuais ce circuit en solo au Japon, et l’établissement ne permettait pas de réserver des chambres pour une personne seule, sauf à payer pour 2 occupants ce qui était clairement hors de prix. Je me suis donc contenté de profiter des extérieurs dignes d’un décor de cinéma. Ce ryokan emblématique, fondé en 1691, a même inspiré l’univers du célèbre film d’animation « Le Voyage de Chihiro » du Studio Ghibli.
Si vous avez déjà vu le film, vous reconnaîtrez le pont rouge qui enjambe la rivière Arayu devant le ryokan, qui rappelle fortement le pont que traverse Chihiro pour accéder au monde des esprits. La nuit, la ressemblance est encore plus frappante. L’éclairage de la façade en bois du bâtiment principal, vieux de 300 ans évoque aussi l’apparence des bains de Yubaba. C’était vraiment magique de voir le changement d’ambiance avec la nuit qui arrivait. En prime, j’avais les couleurs des feuilles d’automne et les volutes de vapeur qui remontaient depuis les sources situées en contrebas. On se croyait vraiment dans le film ! C’est décidé, je viendrai y séjourner une prochaine fois : les intérieurs et les bains doivent être exceptionnels !
Après cette balade contemplative du début de soirée, je me suis posé à Asunaro, le seul restaurant ouvert du coin. C’est un petit établissement qui sert les basiques de la cuisine japonaise en version teishoku; Différents petits accompagnements sont servis en même temps que votre plat principal qui peut être un ramen, un tonkatsu, des tempura… J’ai pour ma part choisi le danbe meshi, plat signature qui ressemble à un donburi d’effiloché de poulet arrosé de bouillon. C’était très bon et réconfortant après avoir pris ces photos dans le froid du soir.
4.2 – Shima Yamaguchikan : mon ryokan pour une nuit
Après ce bon repas, j’ai donc rejoint le ryokan Shima Yamaguchikan. Bon point pour ce ryokan : j’ai pu réserver une nuit sur un plan simple en hébergement 1 personne, sans repas. C’est assez rare car bon nombre de ryokan ne proposent pas de chambre pour les visiteurs seuls. Autre avantage : un tarif imbattable de 7 700 yens (58 € avec le taux de change de l’époque) ! La chambre occidentale était de taille correcte et bien équipée. Après un accueil impeccable, on m’a proposé d’assister à une petite pièce de théâtre jouée par la propriétaire du ryokan elle-même. Il s’agissait d’un conte populaire japonais que je ne connaissais pas. Je n’ai évidemment pas compris grand chose… Mais elle présentait de grandes images dessinées sur des panneaux de bois qui représentaient les principales scènes de l’histoire. Il se dégageait une bonne ambiance familiale parmi cette assemblée de clients qui semblaient être des habitués.
Je suis surtout venu ici pour les onsens extérieurs. Installés à l’aplomb le long de la rivière, ils étaient absolument époustouflants ! Je n’avais évidemment pas les autorisations pour prendre des photos à l’intérieur des bains. Aussi, je vous présente des images du site officiel, histoire de vous faire rêver. J’y suis allé le soir, puis une longue heure à nouveau le lendemain matin, repoussant au maximum mon départ. Prochaine destination pour un prochain article : Kusatsu onsen !
Ma visite à Shima onsen se termine donc sur ce moment intense de relaxation. Je ne pense pas qu’il faille consacrer beaucoup de temps au village, une fin d’après-midi est amplement suffisante. Je garde surtout des souvenirs fabuleux des bains dans un ryokan familial et peu fréquenté par les touristes étrangers, ce qui participe à un vrai dépaysement. Si vous voulez rester plus longtemps, d’autres ryokan ouvrent leurs bains en journée et des bains publics plus modestes sont également à disposition.
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Il faudra vraiment que je retourne à Gunma, trop envie de voir Shima Onsen, Ikaho Onsen, Maebashi et le moulin de Tomioka. Ton article fait du bien, le Japon me manque beaucoup en ce moment. Hâte de lire tes impressions sur Kusatsu !
Merci copine ! Il faut que je me mette à écrire l’article sur Kusatsu 😅. Mais spoiler alert : c’était super même s’il y avait pas mal de monde lors de mon passage.