La ville de Fujiyoshida constitue un camp de base idéal pour visiter la région du mont Fuji et des 5 lacs. Malgré des sites grandioses et les belles photos que vous verrez dans cet article, je garde un souvenir mitigé de mon passage. Mon expérience a été assez contrastée, au point que je décide de revoir mon planning en écourtant mon passage à Fujiyoshida. Je vous détaille ce qui m’a plu et ce qui m’a rebuté pour vous aider à vous faire une idée sur cette destination devenue (sûrement) trop iconique.
Sommaire
1 – Se loger à Fujiyoshida
Lors de mon passage en novembre, il a déjà fallu trouver un logement abordable. Les chambres sont globalement plus chères sur cette période à cause de koyo (contemplation des feuilles d’automne). Difficile de me résoudre à dépenser 100 € pour une nuit en auberge de jeunesse 😫… Un tarif astronomique d’autant que je voyageais au Japon en solo sur ce circuit. Après avoir longtemps cherché, j’ai réussi à dégoter une chambre à 60 € dans l’hôtel Kawaguchiko Station Inn. Il était parfait pour une étape d’une nuit, situé pile en face de la gare de Fujiyoshida. La chambre avec futon et tatami était simple et très propre. Le futon n’était pas trop mince non plus, j’ai bien dormi !
Le gros plus : l’étage avec un onsen qui offre une vue grandiose sur le mont Fuji. Le matin au réveil, le panorama était splendide, et le onsen totalement vide. Cet hôtel, c’était la partie sympa du séjour. Passons maintenant à la suite !
2 – La pagode Chureito : le sanctuaire du selfie
J’ai démarré la journée par la célèbre pagode Chureito. Située en hauteur par rapport à la ville, il faut grimper 400 marches pour avoir une vue à couper le souffle sur le mont Fuji, avec la pagode au premier plan. Les escaliers sont raides mais la montée se fait bien. Il y avait un peu de monde mais rien de phénoménal. Par contre, la concentration de comportements inadaptés était insupportable.
J’ai vu un homme chuter dans les escaliers parce qu’il a loupé une marche en faisant sa vidéo. Je vous passe 2 appels en live avec le son à fond de personnes qui partageaient le moment sur les réseaux sociaux. S’y ajoutaient les perches à selfies, les poses in-ter-mi-nables pour une photo parfaite. Et enfin, tout ce petit monde sortait des sentiers balisés pour piétiner la végétation, à tel point que certaines zones sont devenues de la simple terre battue.
Bref… Qu’est-ce que je fiche ici ? Réponse : comme tout le monde, je suis attiré par cette belle carte postale.
Et quelle vue ! Je ne vais pas le nier, elle est vraiment saisissante ! Mais difficile de s’imprégner de l’aura du lieu. Ce sanctuaire shinto est réduit à un photobooth pour touristes qui ne s’intéressent à rien d’autre qu’à prendre une photo en s’affichant dessus. Presque personne ne s’attarde à observer le panorama ne serait-ce que 10 secondes.
Je me suis résolu à patienter pour prendre LA photo. Puis j’ai vite poursuivi l’ascension au-delà de ce spot. En montant 200 marches de plus, il n’y avait plus personne. J’ai alors atteint l’observatoire Arakura Sengen. Deux personnes seulement m’y attendaient. On ne voit plus la pagode d’ici mais seulement le mont Fuji, majestueux, immense. On ressent enfin toute la beauté du lieu dans un calme olympien. Magique !
3 – La rue Shimoyoshida Honcho Street : carrefour des incivilités
Après être resté un long moment au calme à l’observatoire supérieur, je me suis décidé à rejoindre le centre-ville pour découvrir la rue Shimoyoshida Honsho. Sa particularité ? Elle arbore des guirlandes de fils électriques qui sillonnent entre des lampadaires délicieusement rétro. Le tout est aligné dans l’axe de Fuji-san : une belle image d’Epinal ! J’avais mis un certain temps pour trouver ce lieu lors de mes préparatifs et j’espérais y voir moins de monde mais ce ne fut pas le cas.
Là encore, la quantité de monde était raisonnable mais le comportement des gens était ahurissant. Pour avoir une photo dans l’axe, il faut se mettre au milieu de la route sur le passage piéton. Moi, je suis resté sur le trottoir sans emmerder le monde, mais l’alignement n’est pas totalement parfait. Je suis quand même très content de ce cliché !
Malheureusement, tout le monde veut l’alignement idéal avec EN PLUS sa trombine dessus. Parce que le mont Fuji ne se suffit pas à lui seul, c’est bien connu. Pour cela une seule solution : se mettre au milieu de la route pour prendre son selfie. Le feu du bonhomme est rouge ? Peu importe, on reste quand même sur le passage clouté ! J’ai même vu une influenceuse accompagnée d’un photographe professionnel : il ne s’est pas gêné pour installer un trépied en plein milieu de la rue, faire ses réglages et prendre sa photo, bloquant la circulation !
Pour permettre que cette route reste une route, et que les locaux puissent toujours y circuler sans écrabouiller quelqu’un, la ville de Fujiyoshida est donc contrainte d’embaucher des agents de sécurité qui font la police… sur tous les passages piétons… toute la journée… Ils dégagent carrément les gens irrespectueux qui restent sur la route avec leurs bâtons lumineux. Affligé par ce spectacle, je suis parti aussi vite que je suis arrivé.
4 – Le village de Oshino Hakkai : business is business
L’après-midi était consacrée au village pittoresque de Oshino Hakkai. Ce hameau est connu pour abriter des sources utilisées depuis des millénaires pour la purification des pèlerins avant l’ascension du mont Fuji. J’espérais y faire une promenade bucolique avec le mont Fuji en arrière-plan, dans les ruelles d’un village typique de l’époque Edo. Là encore, ce fut 50 nuances de déceptions.
Le village est vraiment minuscule et tourné à 90 % vers la consommation : boutiques souvenirs, restaurants et stands de street food se répartissent autour des 2 ou 3 ruelles intéressantes. Mais le tout est trop beau, trop parfait, vraiment trop commercial : on ne ressent pas du tout le côté ancien ou authentique du village selon moi.
Pour découvrir la vue célèbre avec Fuji-san et les maisons aux toits de chaume, il faut payer une entrée au musée folklorique Haru no Kirin (300 yens). La femme à la réception est d’une humeur massacrante, ce qui est rare au Japon. Le musée n’a que le nom : il s’agit en réalité d’un espace de promenade regroupant 5 à 6 maisons d’époque, sans explication. Malgré le monde qui y vient et l’argent que le musée doit se faire, il est très mal entretenu. L’étang est jonché de déchets, la signalétique et les bancs mériteraient de finir à la déchetterie. Mais le pire, c’est sans doute ce bassin dans lequel on nous invite à « toucher les truites ». Il est tellement petit pour le nombre de poissons qu’ils ne peuvent même pas nager ! Une honte : passez votre chemin !
Je termine le sentier autour de l’étang au pas de course pour rejoindre l’observatoire sur le toit de l’accueil. Les conditions lumineuses étaient loin d’être idéales avec la nuit tombante. Tant pis : je prends une nouvelle fois ma photo sans trop de conviction. Direction maintenant l’hôtel pour profiter du onsen et finir sur une note positive !
5 – Conclusion
Pour conclure, je ne vous découragerai pas de visiter Fujiyoshida car les vues sur le mont Fuji sont vraiment grandioses. Malheureusement, il faut venir ici en se préparant à l’idée qu’on va côtoyer un certain type de tourisme qui, personnellement, m’exaspère au plus haut point. Je vous invite donc à mettre des œillères pour mieux vous concentrer sur les panoramas offerts par Fuji-san. De mon côté, je pense y retourner une prochaine fois mais en rayonnant dans la région en voiture pour rechercher des lieux plus authentiques.