Connue pour la qualité de ses porcelaines, la préfecture de Saga dispose de nombreux ateliers de potiers toujours en activité. La région de Imari est très réputée, et plus spécialement le petit village de Okawachiyama. Niché entre les rizières et la montagne, il offre une balade bucolique pleine de raffinement.
Sommaire
1 – Okawachiyama, berceau de la porcelaine de Imari
Le village de Okawachiyama a joué une place centrale dans l’histoire de la céramique japonaise, grâce à la production de la porcelaine Nabeshima-yaki. La découverte d’un gisement exceptionnel de kaolin par des céramistes coréens au début du XVIème siècle a lancé une grande phase de production. Le seigneur local du clan Nabeshima les a encouragés à s’installer sur place pour bénéficier en retour de leurs techniques (malin !). Ce cadre privilégié a permis de développer une faïence de très haute qualité destinée à la cour impériale et aux shoguns. Malgré la fermeture des frontières durant la période Edo, le clan Nabeshima a obtenu la possibilité d’exporter ses produits en dehors du Japon via le port de Imari. C’est donc par ces échanges que ces tasses et assiettes se sont retrouvées sur les tables étrangères. Mais le clan craignait tellement que les secrets de fabrication (et les importants revenus qui en découlaient !) soient volés qu’il décida d’installer tous les potiers à Okawachiyama. Cette sorte de village-usine s’est édifié juste à côté de la mine de kaolin pour protéger ses secrets. Le village était même étroitement surveillé par des postes de gardes qui contrôlait toutes les entrées et sorties.
2 – Un village pittoresque bien préservé
Aujourd’hui, l’accueil est bien plus chaleureux ! Le village adossé à la montagne nous ouvre grand ses portes à partir de la rivière enjambée par un pont recouvert de faïence. Décoré de magnifiques fresques en porcelaine bleu et blanche, il plante le décor. Pas de doute, nous sommes arrivés au bon endroit. Je sens tout de suite que la visite va me plaire car les habitants ont mis en valeur les rues avec de la porcelaine, donnant une âme unique au lieu.
Le village est assez petit en réalité : il n’y a qu’une rue principale qui concentre la majorité des boutiques, et une rue parallèle qui longe la rivière. Entre les deux, plein de petits recoins et passages qui n’attendent qu’à être explorés ! On peut vite en faire le tour si on ne prend pas le temps d’apprécier les belles choses à contempler : les habitations, les ateliers, les cheminées en brique rouge qui se détachent sur la montagne en arrière-plan, et toutes ces petites plantes en pot. C’était une balade très reposante, juste dommage que le village ne dispose pas de cafés ou de restaurants pour se poser.
3 – Déception au parc Nabeshima
J’attendais beaucoup du parc Nabeshima, situé à proximité de la rivière. Ce fut un flop. Hormis la vue sympa sur le village, le reste du circuit est assez décevant. Le parcours a le mérite de nous faire passer à côté d’une reconstitution d’un four historique qui est toujours utilisé à l’occasion de fêtes annuelles. Malheureusement il y avait peu d’explications sur son fonctionnement. Un peu plus loin, le parc abrite des « vestiges » de plusieurs fours en terrasses datant de l’époque Edo qui se limitent à quelques fondations. La brochure touristique mettait aussi en avant une expo permanente d’œuvres d’art en céramique moderne… L’espace n’est pas du tout entretenu et je cherche encore l’intérêt des œuvres.
4 – Acheter de la porcelaine à Okawachiyama
De retour dans le village, je prends le temps de refaire un passage plus approfondi dans les boutiques. Une trentaine d’ateliers sont encore en activité, perpétuant les motifs traditionnels tout en développant de nouveaux styles. J’adore la porcelaine et la vaisselle japonaise mais force est de constater qu’il faut un porte-monnaie bien garni pour faire du shopping ici. Les tarifs s’envolent vite : une simple tasse peut coûter 60 à 80 €. Et encore, le taux de change du yen était favorable lors de ce voyage en 2024. On achète évidemment de la qualité mais ce n’est pas forcément ici qu’on trouvera tous les souvenirs pour la famille. Quelques échoppes en entrée de village proposent des produits bien plus abordables, sous les 10 €, mais en y regardant de plus près, on s’aperçoit qu’ils ne sont pas produits ici. Certains sont même importés de Chine…
Pour faire de bonnes affaires, l’office de tourisme m’a recommandé de passer à la foire annuelle de la céramique qui se tient tous les ans dans le village et dans la ville de Arita toute proche. Plus de 500 vendeurs s’installent dans la rue principale de Arita, longue de presque 3 km, pour y vendre de la vaisselle de belle qualité à prix cassé. Organisée tous les ans durant la Golden week (fin avril – début mai), je manque malheureusement l’évènement à quelques jours près 😭. Tant pis, ce sera une excuse pour revenir ! Je me console en profitant des belles carpes koinobori accrochées en prévision de la fête des garçons (le 5 mai).
5 – Pour en savoir plus
- Une vidéo très intéressante sur la peinture et la cuisson dans le four historique au centre du village.
- Le site officiel de l’office de tourisme. A vérifier avant votre séjour car de nombreuses animations s’y déroulent toute l’année : festival des clochettes en été, festival d’automne autour du four…
Ce village a été un vrai coup de coeur en 2017, et avec les koinobori en plus l’ambiance devait être encore plus féérique. Trop contente de lire tes articles sur Saga, j’ai vraiment un faible pour cette préfecture 🙂
Pareil, j’aimerai beaucoup y aller à l’automne une prochaine fois !