Aujourd’hui, je vous emmène au cœur des Alpes japonaises pour découvrir un village préservé de l’époque Edo : le charmant village de Narai, situé sur la célèbre route Nakasendo. Préparez-vous à un véritable voyage dans le temps !
Sommaire
1 – Narai, un trésor préservé sur la Nakasendo
A son apogée, Narai était surnommé « le village aux 1000 bâtiments » tant l’activité y était débordante. On devrait d’ailleurs plutôt parler de Narai-juku : ce suffixe désigne la fonction du village, celle d’être un relais de poste (autrement dit, une étape) le long de la grande route Nakasendo. Autrefois, pour relier Edo (l’ancien Tokyo) à Kyoto, les voyageurs mais surtout les seigneurs devaient emprunter deux voies principales :
- La route Tokaido qui passait le long du littoral : c’est grosso modo le trajet actuel du shinkansen qui transite par Kamakura, Shizuoka et Nagoya.
- La route Nakasendo (ou Kisokaido) qui passait par le centre de Honshu, dans les montagnes entre Nagoya, Matsumoto et Saitama. Narai est donc situé sur cette seconde route. Il s’agit de la 34ème station sur les 69 arrêts au total que comptaient la Nakasendo.
Le village est implanté stratégiquement à proximité du col de Torii-toge réputé difficile à passer. C’était donc un lieu de repos incontournable pour les voyageurs de l’époque : auberges, restaurants, maisons de thés et de plaisirs, commerces en tous genres s’y étaient installés pour profiter de cette manne. Il y a quelques temps déjà, le musée Cernushi à Paris avait organisé une exposition d’estampes de Hiroshige et Eisei qui présentaient chaque village de cette route légendaire. J’avais adoré l’expo : ce fut d’ailleurs le point de départ qui m’a donné envie de visiter Narai. Vous allez voir que la réalité ressemble aujourd’hui encore aux estampes de l’époque !
2 – Un village préservé du temps
2.1 – Le charme fou de la rue principale
En sortant de la toute petite gare de Narai, on arrive en bas de la rue principale pittoresque qui nous transporte immédiatement à l’époque Edo. Quel charme : ce fut un véritable coup de cœur 😍 ! Sur plus d’un kilomètre de long, c’est un alignement d’échoppes anciennes en bois, avec des enseignes en kanji qui s’entremêlent, créant une perspective folle ! Les bâtiments sont superbement préservés et surtout, il n’y a aucun fil électrique qui pourrait gâcher le tableau. Je suis arrivé vers 9h le matin, le village se réveillait à peine. J’ai donc pris le temps de flâner presque seul dans les rues, à profiter de cette ambiance incroyable.
Les boutiques se sont ouvertes vers 10h seulement, ce qui m’a permis de découvrir tranquillement le quartier et son architecture avant de m’attarder dans les commerces sur le retour. Petit à petit, les visiteurs sont arrivés, redonnant vie au lieu. En cette fin d’automne, les lumières chaudes du soleil rasant ravivaient les belles couleurs des bois vieillis par le temps. Toutes les façades étaient magnifiques ! Les kakis et les piments séchaient également sur les devantures en vue de leur conservation, comme jadis. Le temps semble vraiment s’être arrêté ici.
2.2 – La résidence Nakamura
Parmi les lieux à visiter, je vous recommande un arrêt dans la magnifique demeure Nakamura qui appartenait autrefois à une riche famille de marchands. Elle est typique de l’architecture de l’époque Edo avec ses espaces intérieurs faciles à ouvrir, ou à recloisonner grâce aux multitudes fusuma (portes coulissantes). Un petit jardin intérieur est également installé au centre du bâtiment. C’est très joli mais il devait y faire très froid en hiver !
2.3 – Le musée Kamidonya Shiryokan
Installé dans l’ancienne maison d’un prêtre shinto, ce musée abrite une collection d’objets d’époque, des ustensiles du quotidien et de quelques documents historiques. Les explications ne sont pas super détaillées, mais l’architecture intérieure mérite le détour.
2.4 – L’extrémité du village
A la lisière de Narai, on tombe sur le sanctuaire Shizume, construit en haut du village à l’opposé de la gare. Il marque le départ du sentier de la Nakasendo en direction du col de Torii, toujours praticable aujourd’hui. De taille modeste, son principal intérêt reste la vue sur le bourg et les montagnes de Kiso. Juste à côté, on peut toujours voir le grand panneau d’affichage en bois qui indiquait les édits, taxes et règles applicables à l’intérieur du village, avec de beaux kanji vieillis par le temps.
Si vous avez le temps, vous pouvez aussi passer au microscopique musée d’histoire et du folklore de Naragawa (300 yens l’entrée par personne). Il regroupe des objets de la région datant de l’époque Edo, dont de nombreux écrits : plans de bâtiments, laissez-passer délivrés aux voyageurs… Tout est en japonais, mais heureusement, Google trad vous permettra de comprendre un minimum ce que vous regardez. Pas un indispensable selon moi, sauf si vous êtes férus d’histoire et d’objets d’époque.
2.5 – Les boutiques d’artisans locaux
Le village reste toujours actif et réputé dans l’artisanat du bois, certaines boutiques sont des institutions ici. Parmi celles-ci, l’atelier de laque Maruya qui propose des pièces superbes. La boutique de peignes Kobaiten est également très connue. Il s’agit de peignes en bois finement sculptés. Vous la trouverez facilement avec son enseigne reconnaissable. Pour des souvenirs originaux et de qualité, vous aurez l’embarras du choix même si les prix grimpent vite (ce qui est normal vu le travail manuel que cela demande).
2.6 – Le pont Kiso Ohashi
Ce pont en bois de 54 mètres de long est un vrai Lego ! Construit sans clou ni vis, il enjambe la rivière et tient toujours debout depuis plus de 300 ans (et quelques restaurations tout de même !). C’est ce modèle d’architecture de pont qui enjambait toutes les rivières de Tokyo à l’époque Edo. Bien plus classe que les actuelles bretelles d’autoroute en béton si vous voulez mon avis. Le pont est sur le côté du village en bordure de forêt. Il faudra quitter la rue principale et faire un léger détour si vous voulez le voir.
3 – Les spécialités culinaires locales
Avec toute cette marche et ces découvertes, il faut se remplir le ventre ! Difficile d’échapper à la tentation devant les étals et les commerçants qui interpellent les passants. J’ai d’abord succombé à un thé vert accompagné d’une brochette de dango. Installé à un comptoir ouvert sur la rue, je me suis laissé servir par un couple adorable de personnes âgées. Accueilli avec un grand sourire bien visible derrière le masque, c’était ce qu’il me fallait pour me réchauffer de ma marche matinale.
Pour le repas du midi, je me suis offert des délicieuses soba, des nouilles de sarrasin, un incontournable de la région. A tel point que tous les restaurants que j’ai croisés en proposaient. Vous n’aimez pas ? Ce sera difficile de trouver autre chose à manger ! J’ai pris un set chaud. Les nouilles sont arrivées sur un plateau tressé, enroulées en petits tas. Un bouillon au dashi, champignons locaux et légumes a été placé en complément sur un réchaud. Il fallait simplement plonger les soba dans le bouillon quelques minutes pour les réchauffer. De cette manière, les nouilles avaient la consistance parfaite, sans être trop cuites. Je vous recommande donc le restaurant Kokoron 😋, idéalement placé dans la rue principale.
4 – Accéder à Narai et autres infos utiles
🚂 Narai est facilement accessible en train depuis Matsumoto (environ 1h) ou Nagoya (environ 2h30). Il faudra bien vérifier les horaires car la fréquence des trains n’est pas énorme en revanche.
👜 Afin de visiter tranquillement, je suis parti le matin de Matsumoto et je suis rentré le soir à Nagoya. Pour ne pas m’embêter avec les valises, j’avais demandé à mon hôtel de Matsumoto de les livrer à mon autre hôtel à Nagoya via le service de Takkyubin. Je n’avais que mon sac à dos en journée, royal !
💡 N’hésitez pas non plus à faire un tour sur le site officiel de l’office de tourisme (japonais) : https://www.naraijuku.com/
Cette journée est donc un énorme coup de cœur 😍 ! L’impression de faire un bon dans le passé est plus qu’au rendez-vous. Le village a gardé toute son authenticité ! Et avec la belle lumière du soleil d’automne, l’ambiance était encore plus chaleureuse. Pour suivre mes pas et vous programmer à votre tour une journée aux petits oignons, je vous laisse la carte qui référence tous les lieux à voir dans le village.