Aujourd’hui, on va attaquer un sujet qui n’est pas simple mais qui, j’en suis sûr, trotte dans votre tête : comment concilier son bilan carbone et le fait de prendre l’avion pour voyager au Japon ? A travers cet article plus engagé que d’habitude, j’essaye de vous présenter mon humble expérience. Un vaste débat qui reste ouvert !
Sommaire
1 – Quel est le bilan carbone d’un voyage au Japon ?
🎯 Avant toute chose, il faut savoir où on se situe pour mesurer l’étendue des efforts à conduire afin de rentrer dans l’objectif de consommation de 2 tonnes de carbone/an/personne, pour tenir la cible de l’accord de Paris. La mise en oeuvre de ce texte doit permettre de limiter la hausse moyenne des températures à + 2°C d’ici 2050.
🎲 Plusieurs simulateurs existent sur Internet : je vous recommande d’utiliser celui édité par l’ADEME qui s’appelle Nos gestes climat. Il est ludique et vraiment simple à utiliser. En à peine 10 minutes, vous obtiendrez votre résultat avec des recommandations claires pour agir sur votre consommation. Libre à vous de choisir certaines mesures plutôt que d’autres pour voir leur impact par rapport à votre situation actuelle.
J’ai donc rempli le questionnaire selon deux scénarios : une première fois en décrivant mon mode de vie actuel, une seconde fois en intégrant mes voyages en Japon. Sans surprise, ils viennent plomber les résultats 😅.
1.1 – Mon bilan carbone en France sans prendre l’avion
J’ai déjà entamé plusieurs mesures ces dernières années qui me permettent d’obtenir un score qui arrive bien en-dessous de la moyenne : c’était mon objectif. Ce n’est pas toujours simple mais avec de nouvelles habitudes, j’arrive désormais à seulement 5,3 tonnes contre 9,5 tonnes pour la moyenne nationale.
Dans le détail, ça donne ça :
🏢 Les services sociétaux correspondent à la part des services public tels qu’ils sont dispensés aujourd’hui (avoir des écoles, un système hospitalier, des routes entretenues…). Ce niveau de vie engendre une consommation de 1,5 tonnes/an/personne. Le simulateur l’ajoute automatiquement : il ne reste donc plus beaucoup de marges jusqu’à l’objectif des 2 tonnes fixé par les accords de Paris…
Même en vivant dans une cabane au fond des bois, c’est mission impossible de consommer seulement 2 tonnes/an en France !
🍴 Mon score sur l’alimentation correspond à un régime alimentaire flexitarien que j’ai mis en place petit à petit depuis plusieurs années. J’ai réduit ma consommation de viande et de poisson à 1 fois par jour (rarement 2 fois), en privilégiant les viandes blanches comme le porc et le poulet. Je dois manger de la viande rouge moins d’une fois par trimestre aujourd’hui. Mes autres repas sont végétariens car ils intègrent des œufs ou des produits laitiers. J’estime à seulement 1 repas vegan/semaine.
C’est pas demain la veille que j’abandonnerai le karaage ou les sushis, mais un peu moins souvent, c’est possible !
🏠 Côté logement, je gagne des points car j’ai réduit assez fortement mon chauffage ces dernières années en installant dans une partie de l’appartement des climatiseurs réversibles qui me permettent de chauffer l’hiver en électrique (même système qu’une pompe à chaleur), sur la moitié de mon logement. C’est un énorme avantage par rapport au gaz car la consommation électrique est fortement décarbonée et les appareils, classés A++++ ne consomment quasiment pas d’énergie ! Résultat, un bon investissement pour un gain important sur ma facture de gaz. La hausse sur la facture d’électricité est quant à elle ridicule.
🚗 J’ai beaucoup de chance sur le volet des transports car je n’utilise presque pas ma voiture. Je peux en effet me rendre à mon travail à pied ou en vélo. Habitant en ville, j’ai également changé mes habitudes au quotidien pour limiter les trajets sur les courtes distances de moins de 5 km. Coup de chance : Dijon dispose d’un réseau de transport efficace qui facilite les trajets vers les centres commerciaux en périphérie. Auparavant, je prenais systématiquement ma voiture. J’ai maintenant l’habitude de prendre le vélo ou le tram pour acheter des petites bricoles à Castorama ou même Ikea. Au bilan, j’économise à l’année presque 800 km de petits trajets en voiture, c’est énorme ! Finalement, la voiture roule surtout pour les grands week-ends et pour les vacances, avec bien souvent des covoitureurs sur la banquette arrière.
Eviter la voiture en vivant dans une grande ville et sans avoir d’enfant, c’est évidemment plus facile mais pas toujours simple pour autant.
📦 La section divers comptabilise les dépenses en meubles, vêtements, appareils électroniques… Je suis très sobre sur ce sujet car je pousse mes matériels au bout, en les réparant au maximum avant d’en changer (merci les tutos réparation aspirateur sur Youtube). Côté téléphone portable par exemple, je n’ai eu que 3 appareils différents dans ma vie (je fête mes 38 ans cette année).
👉 La morale de cette histoire : nos décisions individuelles jouent de façon importante sur le résultat final, mais elles ne suffiront pas à elles seules sans un engagement plus fort du secteur public et des entreprises (les fameux services sociétaux).
1.2 – Mon bilan carbone avec les voyages au Japon
Je suis donc reparti du simulateur pour y intégrer mes trajets en avion de ces trois dernières années. La note grimpe à 6,9 tonnes, ça calme (petit rappel : je suis à 5,3 tonnes sans prendre l’avion). Les transports deviennent alors mon premier poste de dépense en carbone.
2 – Trouver la voie entre convictions… et paradoxes
2.1 – Se fixer un objectif plus adapté
🏆 On le voit, c’est impossible de réussir seul l’objectif des 2 tonnes de l’accord de Paris. Mais on peut quand même faire beaucoup de choses à notre niveau pour essayer de s’en rapprocher. Plutôt que de culpabiliser en me disant que c’est impossible, je préfère me fixer mon propre objectif plus réaliste.
- Mon but initial était de suffisamment baisser mon bilan carbone pour absorber le « surcoût » du voyage en avion au Japon tout en restant sous la moyenne française. C’est donc chose faite et j’en suis plutôt content !
- Mon but actuel est désormais de poursuivre mes efforts pour passer sous la barre des 5 tonnes d’ici 2 ans, hors voyage au Japon.
2.2 – Agir à mon échelle
💪 Je compte bien poursuivre sur ma lancée, aidé par le simulateur de l’ADEME qui permet de mesurer l’impact de chaque solution. En un coup d’œil, on peut voir facilement ce que représente tel ou tel changement de nos habitudes de vie. Il n’y a plus qu’à faire mes choix ! D’autres actions restent possibles mais le simulateur ne les montre pas, c’est bien dommage, espérons une mise à jour prochainement (par exemple : réduire l’usage de la voiture sur ….. km au profit d’un autre mode de transport).
3 – Ma responsabilité en tant que créateur de contenu : produire un Internet plus durable
🌐 Autre manière d’agir à mon niveau : construire un blog plus durable pour limiter la consommation électrique lorsque vous le consultez. L’éco-conception web est en effet possible mais reste marginale aujourd’hui car les développeurs ne sont pas du tout formés sur cet aspect. Cela m’a demandé beaucoup d’efforts et de longues heures pour améliorer le codage du blog mais je peux vous dire aujourd’hui que ses performances environnementales se sont nettement améliorées ! Au-delà de l’architecture du site plus légère, j’ai choisi de l’héberger sur les serveurs d’O2switch, une entreprise française proche de vous. Au final, je vous propose des pages moins lourdes (besoin de moins de serveurs en fonctionnement) et qui ne font pas le tour de la planète : elles s’afficheront plus vite sur votre écran tout en réduisant la consommation électrique, c’est que du bonus 😉.
Pour tester l’empreinte carbone d’un site, je vous recommande d’utiliser un outil en ligne gratuit : Website carbon calculator.
Arrive le moment tant attendu de la conclusion. On se rend compte qu’il est impossible DE BASE de respecter l’objectif des 2 tonnes/an, sauf à vivre en véritable ermite. Alors en intégrant un voyage au Japon, c’est encore pire ! Mais malgré les vols longs courriers, je suis bien plus sobre que la moyenne française : c’était un seuil que je ne voulais pas dépasser. Alors OUI, c’est insuffisant, MAIS c’est bien moins pire que la moyenne. Le tout est de se mettre en marche, et d’accélérer les changements sur la durée.
Je suis curieux d’avoir votre avis sur la question : on en parle sous l’article dans les commentaires 😉.
Hello Olivier,
Super article ! Je le trouve vraiment très intéressant car les questions que tu te poses nous nous les posons aussi !
C’est vraiment super de voir tout ce que tu as pu mettre en place au quotidien.
Merci pour ton commentaire Céline !
L’important il me semble, c’est déjà d’avoir conscience de son impact et d’essayer des petites choses, de se mettre en marche et de ne pas trop culpabiliser. L’objectif est de toute façon impossible à atteindre alors faisons un pas à la mesure de nos possibilités et limitons les dégâts. Le sujet de la sobriété carbone nous place forcément face à des contradictions, c’est inévitable. Alors plutôt que de culpabiliser, je pense que l’important c’est de composer et d’essayer d’atténuer notre impact petit à petit.
Bravo Olivier pour cette implication, coûteuse en temps et en effort mais payante et bénéfique pour nous tous au final ! J’avais déjà fait mon bilan carbone quand tu avais parlé il y a 2-3 ans de cet outil-là, je vais m’y replonger dès que possible.
J’espère juste que ce message n’alourdira pas trop le bilan carbone de ton site 😉
Hahaha, tu abuses carrément, un smiley consomme plus que du texte. Tu vas être obligé de faire 300 km de vélo pour compenser 😂.