Une journée à la Coupe de France de kyudo

Les plus belles rencontres commencent souvent autour… d’un saké ! C’est lors d’une soirée de dégustation dans le Jura que nous avions fait connaissance avec Guillaume, pratiquant de kyudo, en charge cette année de l’organisation de la coupe de France qui se déroulait dans la région de Besançon. Lorsqu’il m’a proposé de venir au championnat, je n’ai pas hésité, et vous avez d’ailleurs été très nombreux à vous intéresser à la compétition suite à ma story sur Instagram ! Retour en images sur cette belle journée et sur l’esprit du kyudo.

 

Qu’est-ce que le kyudo ?

Je vous avoue que j’étais assez ignorant sur le sujet jusqu’à présent ! Cette coupe de France a donc été une bonne occasion d’élargir mes connaissances.

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’est pas facile de résumer le kyudo. C’est à la fois un sport, un art, et une pratique qui concourt au développement personnel. Ses origines remontent aux techniques guerrières utilisées par les samouraïs sur les champs de bataille. Il a évolué petit à petit pour devenir un art martial à part entière, fortement marqué par la pensée zen mais aussi par le confucianisme et le shintoïsme. Si on est familier de l’accomplissement du samouraï dans « la voie du Sabre », on connaît moins « la voie de l’Arc » : le kyudo.

Les règles du kyudo sont assez simples : le kyudojin (pratiquant) est situé à une distance de 28m et doit viser une cible ronde de 36cm de diamètre. Si la flèche touche la cible, on compte un point. Si elle tombe à côté, on ne compte pas de point. Le fait que la flèche s’approche davantage du centre de la cible n’a pas d’influence sur le classement. Les tirs sont séquencés par vagues de 4 flèches. Plutôt basique à première vue, mais toute la difficulté se situe ailleurs en réalité…

coupe de france 2021 kyudo

cible kyudo décompte des points

 

Le kyudo, entre performance sportive et artistique

Les trois valeurs portées par le kyudo sont la vérité, la bonté et la beauté : SHIN ZEN BI. Toute l’essence du kyudo se cache derrière ces trois kanjis.

  • La beauté est immédiatement perceptible : celle de la courbure de l’arc, des symétries dessinées par les cordes, les flèches, mais aussi les déplacements et postures harmonieuses que prennent les archers.
  • Par la bonté (vertu), le pratiquant cherche un détachement de ses sentiments, le but étant d’obtenir un état quasi méditatif permettant d’approcher le geste parfait.
  • La vérité se dégage de l’alignement que doivent avoir l’esprit (détachement), le corps (maîtrise des mouvements), et l’arc (technique acquise). Le résultat obtenu sur la cible révèle ainsi la vérité de ces 3 composantes au moment du tir.

En dehors de quelques disciplines triées sur le volet (gymnastique, dressage en équitation), la notion de beauté n’est jamais travaillée. Dans les autres sports, on peut effectivement retrouver des notions similaires à la bonté ou à la vérité (préparation mentale, concentration, maîtrise), mais jamais à la dimension esthétique ou au sens qu’on donne au geste. Et cette beauté, c’est l’un des points qui m’a le plus frappé durant ce tournoi.

préparation équipes kyudo

 

Place aux épreuves en équipe !

La compétition se déroulait donc sur deux journées. Je n’ai assisté qu’aux épreuves en équipes du samedi, le dimanche étant réservé aux épreuves individuelles. En entrant dans le gymnase, j’ai tout de suite été saisi par le silence qui régnait à l’intérieur. Tout le monde semblait retenir son souffle pour accompagner la concentration des archers.

Chaque équipe s’avançait sur la zone de tir en réalisant un pas très particulier qui consistait à glisser les pieds sans lever le talon. C’était vraiment très harmonieux, on ne savait plus trop si on était au théâtre ou dans un stade. Les seuls bruits qui résonnaient étaient ceux des flèches déposées sur le sol et le froissement des vêtements. Les archers réalisaient alors une série de mouvements dans une chorégraphie apaisante qui rappelle les codes de respect et de déférence de la Cour impériale.

L’arc est tendu lentement au-dessus de la tête avant de s’aligner avec le regard. On percevait alors les craquements de la corde étirée à son maximum. La concentration était extrême. Et puis tout à coup, la corde cingle l’air en rompant le silence, suivie quelques secondes plus tard par le bruit de la flèche qui se fige dans la cible. Pas d’applaudissement, pas de réaction du tireur qui reste impassible, concentré. Une nouvelle série de mouvements précis, et là-encore codifiés, l’amène à se préparer pour le second tir.

kyudojin girl

En regardant ces gestes parfaits, synchronisés, la concentration intense des participants et le calme ambiant, je me suis senti à la fois tendu pour eux à chaque tir, mais également totalement apaisé au bout d’une petite heure. C’était vraiment surprenant, on arrivait à ressentir le « zen » qui se dégageait de leurs gestes et qui nous amenait nous aussi à ressentir un peu de cet état. C’est un morceau de sérénité que j’ai déjà pu ressentir au Japon dans un jardin traditionnel, mais jamais en observant des personnes pratiquer une activité. Saisissant !

 

Dans les coulisses !

Grâce à Guillaume, j’ai eu l’opportunité d’accéder à la zone de préparation des participants située en amont du pas de tir, qui se compose d’une archerie et d’une zone d’attente. Chaque équipe y déposait son matériel et effectuait même quelques réparations suite à des avaries. Je ne suis pas resté très longtemps de peur de déranger, juste assez pour prendre quelques clichés des carquois que je trouve tellement photogéniques !

réparation-arc-kyudo

 

Le kyudo reste encore confidentiel en France, avec un peu moins de 1000 licenciés répartis dans une soixantaine de clubs. Pourtant, les Français se sont déjà illustrés en remportant certaines épreuves du Championnat du monde par le passé ! Avec un peu de chance, il y a peut-être un dojo à côté de chez vous qui vous permettra de découvrir ce sport passionnant. De mon côté, j’ai largement apprécié cette journée et j’espère que je vous aurai donné envie de vous y intéresser à votre tour !

 

Pour en savoir plus

Site officiel du comité national de kyudo : https://www.kyudo.fr

 

 

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