temple Shibamata Taishakuten

Shibamata : la banlieue traditionnelle de Tokyo

Vous imaginez la banlieue proche de Tokyo comme une bande de béton sans intérêt ? Détrompez-vous, la périphérie cache encore des quartiers authentiques qui ont su garder leur âme d’antan tout en résistant à la frénésie immobilière. Bienvenue à Shibamata, une enclave hors du temps.

 

Bienvenue à Shibamata !

Accessible en 40 minutes en train depuis le quartier d’Asakusa, la ville de Shibamata est située à la limite des préfectures de Tokyo et de Chiba. Pour la rejoindre, le plus simple est d’emprunter la ligne Asakusa jusqu’à la gare de Keisei Takasago, puis de changer pour la ligne Keisei-Kanamachi (Shibamata est la station suivante). En descendant du train, on est surpris par ce petit air de campagne : des bâtiments à taille humaine, quelques petits jardins, et oh surprise, un train qui circule à nouveau sur la terre ferme (et non plus sur des ponts suspendus ou en sous-terrain comme partout ailleurs à Tokyo).

La rue principale garde en elle tout le charme d’avant-guerre de l’ère Showa (1926-1989). Elle est bordée de boutiques traditionnelles en bois qui dessinent une allée splendide. Même si la ville est aujourd’hui une cité-dortoir, le quartier reste bien animé en journée et à taille humaine. Les artisans locaux semblent spécialisés ici dans les senbei (crackers de riz soufflé) et les tsukemono (légumes saumurés). On peut goûter à chaque stand et c’est difficile de se retenir ensuite de ne pas tout acheter 😅. La journée commence donc par une séance de lèche-vitrine vintage !

Rue commerçante traditionnelle de Shibamata, Tokyo

senbei crackers de riz pour l'apéritif

Mon coup de cœur est décerné à la boutique rétro Shibamata Hikara Yokocho qui sort de l’ordinaire. C’est un bric-à-brac où se côtoient de véritables flippers d’époque encore en fonctionnement, des jouets en plastique typiques des fêtes foraines et beaucoup d’autres babioles. Contrairement aux apparences, la majorité des produits sont neufs mais ils ont toute leur place dans cet univers hétéroclite. Parmi les franchises récentes, j’ai dégoté la boîte de bonbons en fer blanc du film « Le tombeau des lucioles » des studios Ghibli 😍. C’est donc une excellente adresse que je vous recommande pour vos cadeaux souvenirs car, au-delà de la variété, les prix sont très accessibles.

Shibamata retro toy shop

 

Shibamata : la ville de Tora-san

Shibamata est surtout connue auprès des Japonais pour être le lieu de vie de Tora-san, le personnage principal du célèbre drama Otoko wa tsurai yo (C’est dur d’être un homme). L’histoire est simple : Tora-san est un marchand ambulant qui visite à chaque épisode une nouvelle préfecture du Japon pour ses affaires. En arrivant sur place, il rencontre une jeune femme dans le besoin (célibataire !) et lui propose de venir le voir à son retour à Shibamata pour l’aider à résoudre ses problèmes. La dame accoure, il tombe alors amoureux d’elle, mais l’histoire se finit mal car Tora-san se prend inlassablement un râteau magistral, et sa prétendante finit avec un autre homme.

Cette série de films a fortement marqué la culture populaire car elle se compose de 48 longs-métrages tournés entre 1969 et 1995. A titre de comparaison, c’est un peu comme si tous les ans, un nouvel opus du gendarme de St-Tropez sortait au cinéma. Pour vous donner une petite idée de la série, je vous poste ci-dessous la bande-annonce du premier épisode diffusé en 1969. Tora-san restera malheureusement à jamais célibataire avec le décès en 1996 de l’acteur qui a joué dans tous les films, Kiyoshi Atsumi.

Pour beaucoup de Japonais, parler de Tora-san évoque donc un fort sentiment de nostalgie. La ville et les commerçants jouent donc à fond sur le succès de la série et la corde sensible, en s’attachant à préserver l’ambiance de la rue principale. Plusieurs boutiques proposent évidemment des produits dérivés, et une statue de l’acteur nous accueille même dès la sortie de la gare.

 

L’attraction du quartier : le temple Taishakuten

Après cette balade très agréable, on aperçoit enfin la porte du temple Taishakuten tout au bout de la rue commerçante. On s’est empressés de rentrer dans le pavillon central pour se protéger de l’averse qui arrivait et nous en avons profité pour visiter le jardin Suikeien situé derrière le bâtiment (300 yens). C’était la bonne idée du siècle car toute la visite se fait en chaussettes à travers les bâtiments du temple ou via des corridors au bois. On est donc restés au sec tout en se réchauffant avec une tasse de thé, en contemplant le jardin. Chose plutôt exceptionnelle dans un temple, un distributeur gratuit permet de se servir en libre-service en sencha (thé vert) ou hojicha (thé torréfié).

Le jardin n’est pas directement accessible, il se contourne simplement. Le circuit n’est pas très grand, mais on peut y passer facilement une grosse demie heure et prenant le temps de l’observer sous plusieurs angles, surtout si on se pose pour siroter un thé. Après un début de matinée passé dans les boutiques, cette coupure au calme et dans la verdure nous a fait le plus grand bien.

jardin japonais Suikeien temple shibamata

Pour terminer cette visite, nous passons dans un pavillon très spécial du temple composé de panneaux de bois sculptés aux détails impressionnants. Un chef d’oeuvre qui est protégé sous une verrière permettant le contrôle des conditions atmosphériques toute l’année, afin d’assurer sa préservation. Le nombre de plans successifs et la finesse de la sculpture sont vraiment hallucinants. On retrouve ces techniques d’art dans de nombreux temples (comme à Nikko, célèbre pour son exubérance) mais ici, on a la chance de pouvoir les voir de très près et sans peinture.

sculpture sur bois temple taishakuten shibamata

 

Cette matinée riche en découvertes touche maintenant à sa fin ! Avant de rentrer à Tokyo, on s’est laissés tenter par la vitrine alléchante d’un restaurant de la rue commerçante principale. La propriétaire nous a fait un petit peu patienter malgré le peu de monde présent ce jour-là. Elle voulait débarrasser les tables vers la baie vitrée pour nous installer devant le petit jardin japonais intérieur. Une délicate attention !

tempura donburi tsukemono

 

Shibamata fait donc partie de mes coups de cœur. A taille humaine, équilibrée entre moments shopping, culturels et gastronomiques, cette destination est largement sous-représentée dans les guides touristiques et c’est tant mieux, car elle peut alors garder son charme authentique. Gardez donc cette adresse pour vous et ne l’ébruitez pas trop 😉.

 

Pour en savoir plus :

Site officiel du temple Taishakuten de Shibamata (anglais) : http://www.taishakuten.or.jp/index2.html

Site officiel des films de Tora-san (japonais) : https://www.cinemaclassics.jp/tora-san/

 

 

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6 commentaires sur “Shibamata : la banlieue traditionnelle de Tokyo

  1. Oh merci pour cet article ! Je cherchais justement ce genre de petites villes pour rayonner autour de Tokyo pendant mon prochain voyage (le 4e, en novembre si tout va bien, on y croit encore ?).
    C’est vraiment le style que j’aime.

    Je me suis aussi inspirée des tes articles pour établir mon itinéraire sur Shodoshima où on restera 2 nuits. Ton compte-rendu est très bien fait et donne vraiment envie !

    1. Moi aussi j’ai prévu un séjour en novembre cette année, je croise les doigts en espérant que la situation s’améliore !
      J’espère que Shodoshima te plaira tout comme elle m’a plu aussi. Avec deux jours sur place, tu auras plus de temps pour profiter de l’île. On n’avait pas chômé sur une seule journée et c’est vrai que ce sera plus confortable avec une nuit sur place. Si tu as l’occasion d’aller manger dans la boutique de saké de Morikuni-san, n’hésite pas à la saluer de ma part ^^ !
      En complément de Shibamata, tu peux voir aussi Kawagoe dans le même esprit. La ville était très sympa au printemps et niveau des découvertes culinaires, il y a aussi de quoi faire.

  2. Noté ! Vraiment, c’est le genre d’endroit que je recherche…Merci pour cet article bien documenté. Eh bien, je vois que tout le monde s’est donné RDV en novembre ! Moi également (du 4/11 au 8/12). Mais à lire les différents articles, même si rien d’officiel pour le moment, j’ai bien peur que ce soit mal parti…Pour être clair, j’espère un miracle !

    1. Je pense qu’on est nombreux à espérer un voyage en novembre mais pour le moment, on ne s’emballe pas, c’est loin d’être sûr… On croise les doigts !

  3. Bonjour,
    Pouvez-vous, svp, m’indiquer le nom du pt restaurant où vous avez déjeuné ? Je veux aller bientôt à Shibamata et ça m’intéresse beaucoup.
    Merci.
    Savez-vous si c’est possible de visiter Kawagoé et Shibamata le même jour ? Est-ce loin l’un de l’autre ?
    Merci.
    Michèle

    1. Bonjour,
      Il s’agissait du restaurant « Yebisuya » de Shibamata. Les deux destinations sont vraiment trop éloignées pour les faire sur une journée, sauf à s’imposer au moins 2h de train/métro entre les deux villes, ce qui est vite épuisant sur Tokyo. Il est préférable de prévoir une journée sur les secteurs « Asakusa/Skytree/Shibamata » et une journée « Kawagoe/Ikebukuro en soirée ». Cela permettra de limiter la fatigue et de mieux profiter sur place.
      Bon préparatifs !

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